Le calme est loin d'être revenu dans la localité de Bordj-Badji-Mokhtar. L'agression ignoble de neuf enseignantes du primaire a suscité, après l'indignation, la colère. Les enseignants de toute la wilaya d'Adrar organisent demain un sit-in devant la Wilaya d'Adrar, et décident de boycotter les compositions. Ils réclament de meilleures conditions de travail, notamment la sécurité, tandis que d'autres appellent à la constitution du ministère de l'Education comme partie civile. Le parquet d'Adrar a fait état de l'arrestation de neuf suspects dont quatre sont passés aux aveux, révélant les détails de la nuit d'horreur vécue par les enseignantes. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La commune de Bordj-Badji-Mokhtar est toujours sous le choc de l'agression subie par les neuf enseignantes du primaire. La famille de l'éducation est passée de la stupeur à l'indignation. Sur place, les enseignants des trois paliers ont été dans l'incapacité de rejoindre les salles de classes. Et pour cause : ce qu'ont subi les enseignantes à l'intérieur même de leurs logements de fonction est vécu comme une agression à l'encontre de l'ensemble du corps enseignant. Les détails révélés jeudi par le parquet d'Adrar ne font que confirmer la violence de ce qu'ont subi les victimes. Quatre suspects parmi les neuf arrêtés sont passés aux aveux et livré davantage de détails sur ce qui s'était passé dans la nuit de mardi à mercredi. Le procureur général a fait état d'un « cas de viol commis sur une enseignante », « coups et lésions corporelles graves sur quatre enseignantes », « menaces à l'arme blanche » et, « vol d'effets personnels ». L'enquête révélera certainement d'autres détails. En attendant, c'est l'ébullition à Bordj-Badji-Mokhtar. L'ensemble des syndicats du secteur de l'éducation de la wilaya d'Adrar ont rendu public ce qu'ils ont qualifié de « communiqué de la colère » dans lequel ils annoncent avoir décidé d'une journée de protestation demain, avec rassemblement devant la Wilaya ainsi que le boycott des compositions du dernier trimestre jusqu'à satisfaction d'un ensemble de revendications. Ils réclament la prise en charge immédiate des enseignantes agressées sur les plans psychologique, social et professionnel, le jugement immédiat des coupables. Ils exigent également que les conditions de sécurité soient garanties pour l'ensemble du personnel éducatif de manière « urgente », avant la reprise de toute prérogative pédagogique ou administrative, qu'une commission d'enquête soit dépêchée sur les lieux pour constater les difficultés rencontrées par les enseignants, notamment en matière de transport. Les syndicats estiment que la seule solution à l'insécurité réside dans la mise à disposition des enseignants d'un complexe de logements clôturé et sécurisé, en attendant que, affirment-ils, le président de la République promulgue un texte sur la protection des travailleurs de l'éducation. En plus des initiatives au plan local, des syndicats du secteur ont également appelé à d'autres formes de protestation. C'est le cas du Cnapeste qui appelle à une journée de protestation lundi, avec des sit-in devant l'ensemble des Directions de l'éducation. Les syndicats du secteur réclament également que le ministère de tutelle se constitue partie civile lors du procès des agresseurs. N. I.