Placé sous mandat de dépôt le 19 avril dernier, notre correspandant à Tamanrasset, Rabah Karèche bouclera deux longs mois derrière les barreaux. Notre journaliste Rabah Karèche est en prison depuis deux longs mois. Il bouclera ainsi demain son 60e jour derrière les barreaux. Le journaliste Rabah Karèche est poursuivi pour "administration d'un compte électronique consacré à la diffusion d'informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société", "diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d'attenter à l'ordre public" et "usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et à l'unité nationales". Toutes ces accusations concernent les articles du journaliste qu'il partage assez régulièrement sur les réseaux sociaux. Deux longs mois pour avoir écrit et rapporté une information publique. Elle concernait une manifestation de citoyens de Tamanrasset contre le nouveau découpage administratif décidé dans le cadre de la création de nouvelles wilayas du sud du pays. Convoqué plusieurs fois par les services de sécurité pour "s'expliquer" sur les écrits publiés sur Liberté, il sera maintenu en garde à vue le 18 avril dernier. Le lendemain, le journaliste est présenté devant le procureur de la République près le tribunal de Tamanrasset, avant d'être interrogé par le juge d'instruction de la même juridiction. Rabah Karèche n'en sortira pas libre. Il sera mis sous mandat de dépôt à la prison de Tamanrasset le 19 avril dernier. Même la demande de sa remise en liberté déposée auprès de la chambre d'accusation n'a rien changé au sort réservé au journaliste. Rabah est maintenu en détention en attendant son procès. Disproportionnée, l'incarcération du journaliste est certainement injustifiée. Elle l'est d'autant plus qu'elle a restreint la liberté d'un homme qui n'a fait que son travail. Un travail en parfaite adéquation avec un droit citoyen, celui d'assurer l'accès à une information juste et vérifiée pour tous. Celui d'assurer une résonance aux cris de détresse des citoyens. L'incarcération de notre collègue Rabah est aussi douloureuse. Elle sépare un homme de sa femme, de ses enfants et de ses proches. Les appels pour sa libération se multiplient depuis, mais rien n'est venu soulager cette longue et insupportable attente. L'affaire de Rabah Karèche ne concerne pas uniquement le détenu. Au-delà du fait que c'est un homme qu'on prive de sa liberté, c'est aussi toute cette corporation que l'on met à mal, que l'on martyrise et que l'on intimide. C'est également un principe constitutionnel que l'on piétine dès lors qu'il consacre pleinement la dépénalisation d'un délit de presse. Rabah s'est toujours distingué par son professionalisme doublé d'une éthique irréprochable. Il a de tout temps fait son travail avec responsabilité, lucidité et conscience. Soucieux de porter toujours "sa plume dans la plaie", Rabah a agi en professionnel guidé exclusivement par l'impératif d'informer objectivement. Le libérer, c'est aussi lui permettre de retrouver son espace vital qui est l'immensité du désert. Une immensité dans laquelle, il exerce avec autant d'amour sa profession que la grandeur et la beauté du Sud.