Près d'une semaine après sa mise sous mandat de dépôt à la prison de Tamanrasset pour ses écrits, le journaliste Rabah Karèche est toujours en attente de l'examen de la demande de sa remise en liberté, déposée, pour précision, par son collectif d'avocats, au lendemain de sa détention. "La chambre d'accusation devra l'examiner cette semaine", a dit un de ses avocats, sans pour autant confirmer l'information. "Nous allons demander l'examen de notre demande à partir de dimanche", a ajouté l'avocat, qui s'est félicité des multiples réactions de soutien et de solidarité avec le journaliste détenu. En effet, les appels à la libération de Rabah Karèche se multiplient depuis son incarcération. Ce week-end, ce sont les journalistes de Tamanrasset qui ont condamné l'incarcération de leur confrère. Dans leur message, les correspondants de presse exerçant dans la wilaya de Tamanrasset ont appelé "les autorités judiciaires à libérer" un journaliste "talentueux et professionnel". "Rabah Karèche n'est pas seulement un confrère, c'est un frère qui porte en lui l'amour de notre région." "C'est un homme à la plume libre qui donne la parole à ceux qui n'ont en pas", a écrit un confrère. Des citoyens de la région ont estimé que Rabah Karèche "a toujours été notre soutien avec sa plume", considérant que "sa liberté signifie la nôtre et vice versa". Ils étaient, en effet, des dizaines de journalistes et autant de citoyens qui ont connu le journaliste à avoir apporté leurs témoignages sur "le professionnalisme et le sérieux" de Rabah Karèche. De son côté, le comité "Smaâna" pour la liberté de la presse en Algérie a estimé dans un communiqué rendu public qu'il a appris "avec consternation l'arrestation du journaliste Rabah Karèche, correspondant du quotidien Liberté à Tamanrasset". "Le comité dénonce l'incarcération du journaliste Rabah Karèche et nous considérons que les charges retenues contre lui ne sont qu'une justification administrative de l'emprisonnement d'un journaliste dans l'exercice de ses fonctions", ont écrit les membres de ce comité, rappelant que la loi ne prévoit pas de peine préventive pour délit de presse. "Cette affaire constitue un nouvel épisode de l'acharnement contre la liberté de la presse en Algérie. Rappelons que les cas récents d'Abdelkarim Setouane, condamné le 29 mars dernier à 6 mois de prison ferme, ainsi que la condamnation de Tarek Aït Salamet à 2 mois de prison ferme le 28 février s'inscrivent dans une banalisation du délit de presse qui mène vers la prison", a dénoncé le comité. L'incarcération de Rabah Karèche a été relayée par plusieurs titres étrangers. Gilles Klein, ancien journaliste de Libération, a également dénoncé l'arrestation de Rabah Karèche dans un post sur les réseaux sociaux. À noter aussi que le comité de soutien à Rabah Karèche, mis sur pied par des journalistes, des militants et des avocats, prépare plusieurs actions dans les jours à venir. Hier, lors des marches du mouvement populaire, plusieurs pancartes appelant à la libération de Rabah Karèche ont été brandies dans plusieurs villes du pays, notamment en Kabylie et dans l'Algérois.