Selon le collectif d'avocats de la défense, l'appel de la décision du juge d'instruction d'incarcérer Rabah Karèche n'a pas abouti, ce qui ouvre la voie à la prolongation de la détention du journaliste jusqu'à son procès. Le journaliste Rabah Karèche restera en prison. La cour de Tamanrasset a confirmé, hier, l'ordonnance du juge d'instruction sur la mise sous mandat de dépôt du journaliste. Selon les avocats du journaliste, l'appel de la décision du juge d'instruction d'incarcérer Rabah Karèche n'a pas abouti, ce qui ouvre la voie à la prolongation de la détention du journaliste jusqu'à son procès. À noter que le procès ne sera programmé qu'une fois l'instruction achevée. La décision de la chambre d'accusation a vite fait réagir des avocats, des militants et des journalistes qui ont dénoncé "une décision inexpliquée". "Karèche n'a fait que son travail et d'une manière professionnelle", ont ajouté des avocats, pour lesquels, la confirmation du maintien du journaliste en prison "est une grave atteinte au droit". Rabah Karèche, correspondant de Liberté à Tamanrasset a été mis sous mandat de dépôt, pour rappel, le 19 avril dernier. Officiellement, le journaliste est poursuivi pour "l'administration d'un compte électronique consacré à la diffusion d'informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société", "la diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d'attenter à l'ordre public" et "l'usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l'unité nationales". Des accusations le moins que l'on puisse dire, farfelues. L'incarcération de Rabah Karèche a été précédée par plusieurs interrogatoires dans les locaux de la police locale. Ce qui prouve que Rabah Karèche est ciblé en sa qualité de journaliste. Surtout que la justice s'était mise en branle pour hâter son arrestation, au lendemain de la publication d'une couverture médiatique d'une action publique organisée par des citoyens de la région de Tamanrasset. Ces derniers contestaient le nouveau découpage territorial décidé par les hautes autorités du pays, suite à la création des dix nouvelles wilayas. Il va sans dire que la réaction à bride abattue de la justice vise plutôt à faire taire le journaliste, d'autant plus que le ministère de l'Intérieur a émis un démenti au lendemain de la publication de l'article de Rabah Karèche sur Liberté. L'emprisonnement du journaliste n'a pas laissé de marbre la corporation, les militants, les avocats et les citoyens. A l'unisson, ils ont dénoncé "une grave atteinte" à la liberté de la presse. Plusieurs actions de soutien et de solidarité avec le détenu ont été organisées. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, l'épouse du journaliste a dénoncé l'incarcération de son mari, qui n'a fait pourtant que son travail. "Rabah est un journaliste professionnel qui s'est toujours positionné du côté des citoyens", a-t-elle dit, s'interrogeant sur "les objectifs" de cette détention. Mme Karèche qui s'est installée avec son mari et ses enfants à Tamanrasset depuis plusieurs années, a évoqué "l'amour" que porte Rabah pour le Grand Sud. "Il a choisi de s'installer dans cette région parce qu'il aime cette terre", a-t-elle dit en pleurs. Les réactions de soutien et de solidarité avec la famille Karèche suscitées par la vidéo confirment le respect dont le journaliste jouit auprès de ses concitoyens de Tamanrasset. Par ailleurs, l'ONG Reporters sans frontières (RSF) a qualifié hier d'"incompréhensible" le maintien en détention de notre collègue Rabah Karèche. "Le maintien en détention de Rabah Karèche est incompréhensible", a déclaré le directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, Souhaieb Khayati. "Nous appelons à la libération immédiate et à l'abandon des charges retenues à l'encontre du journaliste qui n'a fait que son travail d'information", a-t-il ajouté, selon des propos repris sur le site de RSF.