L'enseignante universitaire à la retraite et membre actif du CNLD a été arrêtée jeudi après-midi et son domicile perquisitionné par les services de sécurité. La répression contre les activistes du Hirak se poursuit et devient quasiment une constante à la veille de chaque marche du vendredi à travers le pays. C'est ce qu'a indiqué le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), affirmant que plusieurs activistes politiques, arrêtés depuis mercredi et jeudi derniers, sont toujours placés en garde à vue et que certains ont été relâchés après leur audition par les services de sécurité. Ainsi, rapporte le CNLD, l'enseignante universitaire à la retraite et membre dudit comité, Fatiha Briki, a été arrêtée, jeudi après-midi, et son domicile perquisitionné sur instruction de la justice. Selon un proche, cité par le CNLD, "Fatiha Briki n'a donné aucune nouvelle depuis son arrestation. On n'a pu confirmer le lieu de sa détention", affirmant qu'"elle a été contrainte au silence et sans bénéficier de son droit à un appel téléphonique à sa famille ou à un avocat, comme le prévoit la procédure, afin de donner le lieu de sa détention. Elle est maintenue en garde à vue illégalement puisqu'on ignore la partie ayant pris la décision". Avocate connue et militante de la première heure des droits de l'Homme, cette dame a, de tout temps, soutenu et défendu tous les prisonniers d'opinion. Egalement membre active du Comité contre la torture, Fatiha Briki avait, pour rappel, défendu les détenus du 5 Octobre 1988 et les militants pour la cause amazighe depuis le Printemps berbère. Le combat pour les libertés démocratiques, elle l'avait hérité de son père, Yahia Briki, qui faisait partie d'un commando, doublement condamné à mort en 1958 et en 1959 par l'armée française et ancien rédacteur à Alger Républicain. Appelant les autorités concernées à la libérer "immédiatement" cette militante, le CNLD a également fait état de l'arrestation, le même jour à Sidi Fredj, de l'enseignant universitaire et ancien journaliste, Abdelali Rezagui, par des éléments de la police en civil. Selon ledit comité, cet enseignant "a été interpellé par six éléments de la police en civil à Sidi Fredj", affirmait le CLND qui n'a pas, par ailleurs, précisé le lieu, encore moins les raisons de sa détention. En revanche, cette arrestation coïncidait avec la sortie, sur la chaîne française France 24 (dont l'accréditation a été retirée par Alger il y a une semaine), où il avait exprimé son opinion par rapport aux résultats des élections législatives, estimant que les chiffres rendus publics par l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) ont été "gonflés" et que cette joute électorale était "un échec". Pour Abdelali Rezagui, "le processus électoral est considéré comme un échec pour le pouvoir. Le changement réside dans l'appel à un dialogue national avec le mouvement populaire et l'organisation de nouvelles élections loin des institutions militaires", avait-il affirmé sur France 24. Par ailleurs, le CNLD fait état de plusieurs arrestations, suivies de perquisitions de domiciles, comme c'est le cas à Sétif où l'activiste politique Islam Tabouche a subi une perquisition de son domicile juste après son arrestation. À Bab El-Oued, note-t-on, deux autres activistes ont été arrêtés par la police avant d'être libérés jeudi soir. Dans la même localité, un jeune mineur et son père ont été arrêtés et conduits au commissariat de police avant que leur domicile ne fasse l'objet d'une perquisition. Depuis le retour des marches populaires dans le pays, le nombre de militants politiques et d'activistes du Hirak arrêtés est de 264 personnes, dont 54 ont été placées sous mandat de dépôt et 121 sous contrôle judiciaire.