L'ultraconservateur Ebrahim Raïssi a été élu président de la République islamique d'Iran au premier tour de l'élection présidentielle. Raïssi a obtenu 61,95% des voix après dépouillement de "plus de 90%" des bulletins, selon des résultats quasi définitifs publiés hier, au lendemain du scrutin par la commission électorale. Selon les chiffres officiels partiels, le général de division Mohsen Rezaï, ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, terminerait deuxième avec plus de 11,5% des voix, devant l'ancien président de la banque centrale Abdolnasser Hemmati (8,3%) et le député Amirhossein Ghazizadeh-Hachémi (3,4%). Les trois hommes ont reconnu chacun à leur manière la victoire de M. Raïssi dans des messages sur Instragram, sur Twitter ou relayés par les médias iraniens. Le président sortant Hassan Rohani avait également félicité "le peuple pour son choix" ayant permis de dégager un vainqueur dès le premier tour. Le désormais nouveau président de la République islamique d'Iran, Ebrahim Raïssi, 60 ans, faisait figure d'archifavori, faute de concurrence réelle après la disqualification de ses principaux adversaires. D'ailleurs, il est le seul des quatre candidats à avoir véritablement fait campagne. La campagne électorale a été fade, sur fond de ras-le-bol général face à la crise, dans un pays riche en hydrocarbures mais soumis à des sanctions américaines. La participation des lecteurs se situerait à un taux de 48,8% à cette élection qui a été précédée par des appels au boycott lancés par l'opposition en exil et par quelques dissidents en Iran. Les abstentionnistes accusent le gouvernement de n'avoir "rien fait" pour le pays ou ne voyant pas l'intérêt de participer à une élection courue d'avance, voire selon eux "organisée" pour permettre à M. Raïssi de gagner. Sans appeler à l'abstention, l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad, populiste qui avait vu sa candidature invalidée en mai, a lui dénoncé une élection organisée "contre les intérêts du pays" et annoncé sa décision, à titre personnel, de ne pas participer à "ce péché". Champion de la lutte anticorruption Chef de l'autorité judiciaire, M. Raïssi se présente comme le champion de la lutte anticorruption et le défenseur des classes populaires au pouvoir d'achat miné par l'inflation. Cependant, le président a des prérogatives limitées en Iran, où l'essentiel du pouvoir est aux mains du guide suprême. M. Raïssi succédera au président Hassan Rohani, un modéré dont le bilan est entaché par l'échec de sa politique d'ouverture après le retrait des Etats-Unis, en 2018, de l'accord sur le nucléaire iranien conclu avec les grandes puissances. À ce sujet, M. Raïssi a déclaré à plusieurs reprises que la priorité du pays était d'obtenir la levée des sanctions américaines, et donc de poursuivre les négociations en cours pour sauver l'accord de Vienne en y réintégrant les Etats-Unis. Pour l'opposition en exil et des défenseurs des droits humains, M. Raïssi est l'incarnation de la répression et son nom associé aux exécutions massives de détenus de gauche en 1988, à l'époque où il était procureur adjoint du tribunal révolutionnaire de Téhéran. M. Raïssi figure sur la liste noire des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour "complicité de graves violations des droits humains".