La rareté des vols, les restrictions imposées par les Etats concernés, l'autorisation de sortie exigée par les autorités algériennes constituent de véritables freins. Il n'y avait pas foule, hier, devant le siège de VFS Global sis à Oued Smar pour la réception des demandes de visa pour la France. La plupart des personnes présentes sur les lieux n'étaient autres que des étudiants ou ceux qui sollicitent le regroupement familial. Le manque d'engouement, selon les informations recueillies auprès d'une source proche de VFS, est dû essentiellement à la rareté des vols mis à disposition que l'Algérie a autorisés, mais avec des conditions restrictives. "Il n'est pas question pour moi de demander un visa qui, aujourd'hui, me coûte cher, pour me retrouver par la suite dans l'incapacité de trouver une place auprès des compagnies autorisées à opérer des vols commerciaux", nous a déclaré Fahim venu accompagner sa famille qui a postulé pour un visa étudiant. "Nous sommes venus de Béjaïa et notre fille a suivi l'année dernière son année universitaire par correspondance. Mais pour l'année prochaine, elle pourra effectuer son cursus normalement, Dieu merci, et c'est un grand soulagement. Si on ne peut pas se déplacer, au moins nos enfants seront sauvés", nous dit-il. À l'accueil auprès de VFS, l'agent nous invite à prendre les coordonnées et à consulter le site pour connaître les catégories concernées par les visas, et assure, cependant, que "pour y ouvrir droit, il faut être détenteur d'un dernier visa d'une durée d'une année". Cela limite, en effet, dans une large mesure, les personnes non touchées par cette mesure restrictive, d'autant qu'avant la Covid-19, les Français avaient refusé le visa à un grand nombre d'Algériens et réduit la durée de ceux qui avaient obtenu le fameux sésame. Quoi qu'il en soit, VFS, qui a repris du service le 17 juin dernier pour les demandes de Visa C, ne détient aucun passeport des demandes antérieures qu'elle a assainies depuis déjà plusieurs mois, voire une année, contrairement à BLS (prestataire pour l'Espagne). Sis à El Biar où nous nous sommes rendus hier, il nous a été confirmé que pas moins de 4 000 passeports sont en phase d'être restitués. Le retrait s'effectue tous les jours à 14h et les concernés sont dans l'obligation d'aller les chercher eux-mêmes sans possibilité d'être livrés comme par le passé. Pour ce qui est des demandes, la reprise est encore plus timide que chez VFS qui traite quotidiennement 300 demandes (toutes catégories confondues) et le nombre va crescendo. C'est loin d'être le cas chez BLS auprès de qui il est très difficile d'avoir un rendez-vous. "Je me suis déplacé car ils ne répondent pas au téléphone, et là, j'apprends que mon dernier visa obtenu auprès des Espagnols m'empêche aujourd'hui de postuler à nouveau pour un visa car ils ne m'avaient accordé qu'un seul mois sur trois. Mais c'est un peu n'importe quoi, je ne comprends pas cette logique", lâche Aziz, visiblement contrarié par de telles mesures qui sont encore plus sévères auprès des Italiens qui privilégient uniquement le visa d'affaires. "Nous sommes très en retard sur la vaccination et c'est l'argument des autres Etats pour nous refuser l'accès à leurs territoires, et ils ont bien raison. Avec ça, ils font l'effort de trouver d'autres moyens pour ne pas tout fermer. Ce n'est pas le cas de notre pays qui n'a de cesse de nous compliquer la vie avec des mesures qui n'obéissent à aucune logique", s'inquiète Moncef pour qui cette fermeture, qu'il qualifie d'"isolement", n'est, à son avis, qu'"un repli et non une solution", a-t-il déploré.