“Il ne faut pas oublier que c'est l'homme qui a essayé de tuer mon père”, s'était exclamé George Walker Bush en septembre 2002, en parlant de Saddam Hussein quelques mois seulement avant qu'il ne lance l'offensive contre l'Irak. Le président américain rappelait à ceux qui l'auraient peut-être oublié, le complot déjoué et attribué aux services secrets irakiens visant à assassiner George Bush alors que celui-ci se trouvait au Koweït en 1993, après avoir quitté la présidence des Etats-Unis. L'heure de la vengeance a sonné pour le clan des Bush. Les présidences du père et du fils ont été marquées par des dissidences avec l'ex-maître de Bagdad. Avant même son élection en 2000, l'actuel locataire de la maison-Blanche avait annoncé la couleur en déclarant à un journaliste de la BBC : “Il est temps de finir le travail. Saddam Hussein s'est maintenu au pouvoir beaucoup plus longtemps qu'on ne le pensait.” Le prétexte pour s'attaquer à Saddam Hussein a été vite trouvé avec les attentats du 11 septembre 2001 de New York. Partant de cet événement, George W. Bush a invoqué des contacts présumés avec al Qaïda pour mettre le président irakien dans le collimateur. Selon l'ancien secrétaire au Trésor, Paul O'Neill, et le journaliste Bob Woodward, la Maison-Blanche, après les attentats, a quasi-immédiatement commencé à préparer des plans pour le renverser. De son côté, Saddam Hussein a tout fait pour provoquer les Bush et les irriter davantage. Il avait fait composer un carrelage à l'effigie de George Bush à l'entrée du principal hôtel de Bagdad pour que tous les visiteurs soient contraints de le piétiner. Même après son arrestation, il ne s'est pas empêché de qualifier, en juillet dernier, George W. Bush de personnage “ignoble” lors d'une comparution devant le tribunal qui va le juger à partir d'aujourd'hui. Quant au sort que les Bush ont toujours eu l'intention de réserver au président irakien déchu, le porte-parole de la Maison-Blanche de l'époque, Ari Fleischer, ne s'était pas embarrassé de nuances pour l'annoncer haut et fort. “Le coût d'un billet simple est beaucoup moins élevé ; le coût d'une balle que les Irakiens utiliseraient eux-mêmes est beaucoup moins élevé”, avait-il publiquement affirmé en octobre 2002. “Nous verrons quel châtiment il reçoit. Mais je pense qu'il mérite de recevoir le châtiment suprême. Pour ce qu'il a fait endurer à son peuple. C'est un tortionnaire. Un assassin. Ils avaient des chambres où l'on violait. C'est un tyran dégoûtant qui mérite la justice, la justice ultime”, a déclaré le président américain en décembre 2003 lorsqu'il a été interrogé sur le sort qui devrait être réservé à Saddam Hussein après sa capture. K. A.