Les gérants des agences de voyages trouvent "totalement défaillante et hors contexte" l'action de l'administration centrale du secteur du tourisme. Alors qu'il constitue un véritable levier de développement économique et social dans tous les pays y compris chez nos voisins Tunisiens et Marocains, le secteur du tourisme en Algérie traîne la patte au point de figurer parmi les derniers de la classe dans tous les classements internationaux. La situation n'est guère meilleure lorsqu'il est question de développer un produit pour la consommation locale : cherté des prestations, déficit en hébergement, un service de mauvaise qualité, manque d'hygiène, absence de guide qualifié, absence de promotion de la destination ou du circuit, marginalisation des acteurs privés et la liste est encore longue. Ce constat amer nous est affirmé par les professionnels des voyages et du tourisme qui ont toutes les peines du monde à maintenir la tête hors de l'eau. "Les choses vont de mal en pis pour le tourisme qui n'arrive toujours pas à trouver sa vitesse de croisière, et ce, malgré tous les beaux discours des officiels et la pseudo-volonté de l'Etat de relancer le secteur et replacer l'Algérie parmi les destinations fréquentables", nous a déclaré, hier, Samir Nouar de l'agence Sana Voyages. Notre interlocuteur n'est d'ailleurs pas le seul professionnel du secteur à déplorer l'état actuel des choses remettant en cause "l'optimisme" d'Ali Boughazi, ministre du Tourisme qui, comme ses prédécesseurs, parle d'actions à entreprendre sans aucune argumentation consistante à même de convaincre. "Si le ministre tient ce genre de discours c'est qu'il ne vit pas dans l'Algérie réelle celle où les acteurs du tourisme et des voyages vivent au quotidien des entraves à n'en plus finir", nous a confié Sofiane Benali, manager de l'agence de voyages S to S Travel. C'est aussi le cas d'Ali Yahi de Bicha Voyages qui soutient à son tour qu'"il est impossible de développer le tourisme interne tant l'offre est encore très faible ce qui fait que les prix sont inaccessibles pour la plupart des Algériens". Du même avis, Hemza Baba Aïssa, patron de l'agence Gouraya Tours demeure convaincu que "si l'offre balnéaire n'est pas améliorée, les Algériens auront toujours une préférence pour les pays étrangers plutôt que l'Algérie qui recèle, pourtant, des endroits paradisiaques". Sans détour, Tewfik Midoun de Zenata Voyages soutient, pour sa part, que "la politique en matière de tourisme n'a jamais été d'actualité pour les pouvoirs publics et encore plus aujourd'hui puisqu'on continue à n'évoquer le tourisme que pour des dates de festivités sans une réelle volonté d'apporter du changement". Il insiste : "La marginalisation des agents de voyages qui sont le maillon important, voire le plus important dans la promotion du tourisme sont la preuve qu'il n'y a pas du tout intention d'aller de l'avant dans ce secteur." D'autres spécialistes du domaine du tourisme évoquent le tourisme balnéaire et l'échec de la politique en la matière. "Le secteur du tourisme devrait connaître une toute autre dimension de fonctionnement et se retrouver rattaché aux Affaires étrangères. Il ne faut plus se voiler la face, les responsables du secteur sont totalement défaillants et hors contexte." Pour les professionnels du secteur, une chose est claire : "La destination est à construire complètement et suppose une ouverture sur le monde", remettant en cause également "l'intervention des DTA et leur inefficacité de par des profils inadéquats pour le développement du secteur". Nabila Saidoun