Ils préconisent, dans l'urgence, le dessalement de l'eau de mer même si le procedé demeure coûteux et, à terme, la réutilisation des eaux usées traitées notamment pour l'agriculture qui absorbe 70% de la ressource. "Le secteur de l'agriculture absorbe 70% de la ressource en eau, l'industrie en utilise 20% et seulement 10% sont alloués pour la consommation des ménages", ont indiqué, hier, des intervenants au colloque international organisé à l'Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée (ENSSEA) de Koléa sous le thème : "L'Algérie face au défi du déficit hydrique : situation, enjeux et perspectives". L'occasion pour ces experts de remettre au goût du jour le débat sur la problématique de l'eau en ces temps de manque. "La situation est critique mais pas désespérée", attestent-ils pour peu que "l'Etat prenne des décisions courageuses et efficientes". Le professeur Kettab, consultant et expert international dans le domaine hydraulique, a, pour sa part, carrément pointé du doigt "la faillite" de la politique de l'eau menée, jusque-là, relevant "le manque de vision et la mauvaise gestion qui, dit-il, ont totalement dominé". Il déplore, qu'"en l'espace de 20 ans, pas moins de 60 milliards de dollars ont été dépensés pour les résultats que l'on connaît. Il est clair que nous avons fait les mauvais choix sans être efficaces et nous avons, surtout, manqué de clairvoyance en l'absence de toute vision anticipative". En marge de la rencontre, il assure qu'"on peut contourner la crise par une nouvelle stratégie". Il explique : "Si on prend la moyenne nationale sur les 80 barrages, nous constatons qu'ils sont remplis à 44% soit 3 milliards de m3. Si cette ressource était équitablement répartie, on aurait pu s'en sortir, mais c'est loin d'être le cas." Et pour étayer ses propos, il ajoute : "70% de cette eau est disponible dans les barrages de l'Est et seulement 30% au Centre et à l'Ouest, et c'est ce qui provoque la pression notamment pour la région centre, surtout que le barrage du Hamiz est vide, celui de Keddara également et il ne reste pas grand-chose dans celui du Taksebt." Et face à ce stress hydrique qui caractérise l'Algérois, notamment la capitale, l'expert précise : "Les années passées, on disait qu'Alger consommait 1 200 000 m3 par jour, mais en vérité, Alger consommait beaucoup plus que cela. En 2020, nous avons puisé sans retenue dans l'eau des barrages sans aucune anticipation sur une éventuelle faiblesse en pluviométrie qui a pourtant fini par nous rattraper, provoquant un grand déficit que les 11 stations de dessalement de l'eau de mer sont loin de combler." Le professeur Kettab évoque alors la nécessité de recourir à "l'exploitation des eaux souterraines, dont la nappe albienne" qui a la capacité de nous abreuver sur 5 000 ans, mais pas seulement. "Nous devons avoir le courage de revoir la tarification sans porter préjudice aux ménages modestes et sensibiliser et apprendre au citoyen à mieux gérer sa consommation." Abdelhamid Melboucy, directeur du developpement auprès d'Amenhyd, a, de son côté, préconisé "le recours au traitement des eaux usées pour les réutiliser dans l'agriculture qui accapare 70% de la ressource". Il affirme, par ailleurs, que "l'Algérie dispose de compétences algériennes à même de réaliser les stations de dessalement de l'eau de mer pour peu qu'on leur fasse confiance et qu'on les accompagne".