L'Ecole polytechnique (Polytech) a organisé durant deux jours à Alger, la 3e conférence internationale consacrée aux ressources en eau. Des experts algériens et internationaux ont participé à cette rencontre qui a pris fin hier. L'Algérie et les pays du Bassin méditerranéen sont appelés à quantifier les ressources en eau. C'est le point sur lequel convergeaient tous les experts invités. Différentes stratégies peuvent être développées. Selon le professeur Ahmed Kettab, directeur du laboratoire de recherche des sciences de l'eau à Polytech et membre du Conseil mondial de l'eau, «l'Algérie a pour ambition de récupérer 95% des eaux pluviométriques. Pour l'heure, 70% seulement le sont». Outre les grands et petits barrages déjà construits ou en cours de réalisation, «l'Algérie peut construire des retenues collinaires pour stocker davantage d'eau», conseille-t-il. «Notre pays enregistre une pluviométrie de 10 milliards de mètres d'eau chaque année, qu'il faudra récupérer par tous les moyens possibles, quand le relief et la géologie le permettent.» Le professeur Kettab, qui a présidé la conférence, souligne dans le même sillage que «des barrages peuvent produire de l'électricité». Le conférencier indique, par ailleurs, que «l'eau desservie dans les habitats et les industries peut constituer un autre stock d'eau». «La consommation d'eau potable a atteint un milliard de mètres cubes. Le gouvernement a fixé comme objectif la récupération de 800 millions de mètres cubes. Présentement, 700 millions de mètres cubes sont traités, ils pourront servir à l'irrigation de périmètres citadins ou agricoles», a-t-il expliqué. La construction de barrages, le dessalement de l'eau de mer, le traitement et la récupération des eaux usées et une meilleure gestion des eaux souterraines sont les axes adoptés par l'Algérie pour relever le défi de l'eau, notamment pour réduire la nuisance de la sécheresse, observe le professeur Kettab. Sur un autre point, le conférencier note que «les eaux souterraines au nord du pays représentent un volume de l'ordre de deux milliards de mètres cubes. Dans le Sud, on avance des estimations qui se situent entre 40 000 et 60 000 milliards de mètres cubes. L'Algérie renferme dans son sous-sol 80% de la nappe albienne, les 20% restants sont partagées entre la Tunisie et la Libye». Le professeur Kettab lance un appel à tous les ministères pour entreprendre des politiques en vue d'une utilisation rationnelle du précieux liquide. «Tous les départements sont concernés, pas seulement ceux des Ressources en eau ou de l'Agriculture. Par exemple, il est utile de solliciter le ministère de l'Habitat pour développer un programme de bâches à eau dans les immeubles», préconise l'expert. Et de conclure qu'«il est temps de lancer des spots de sensibilisation dans les médias lourds pour que les citoyens participent à la lutte contre le gaspillage».