Afin de parer au manque de communication officielle au moment où la crise de la grippe aviaire dans plusieurs régions du monde connaît une certaine surmédiatisation provoquant une profonde inquiétude au sein de la population, le secrétaire général du ministère de l'agriculture, M. Abdeslam Chelghoum, a animé hier un point de presse consacré aux mesures prises par les pouvoirs publics pour faire face à toute situation d'urgence. M. Chelghoum, qui préside justement la cellule de veille mise en place par le ministère de l'agriculture, a surtout mis l'accent sur le dispositif d'alerte installé par son département et tendant à prévenir toute incursion du virus sur le territoire national. Accompagné du directeur des services vétérinaires au ministère, M. Rachid Bouguedour, l'orateur tient d'emblée à préciser que ce n'est pas la première fois qu'une telle pandémie de grippe aviaire se manifeste. “Des cas avaient été enregistrés en Italie en 2000 et 2001, d'autres aux Pays-Bas et en Allemagne en 2003 avant que l'Asie ne soit grièvement touchée à partir de l'année dernière. La différence avec ce qui se passe actuellement, c'est que la présente crise est suivie d'une surmédiatisation incompréhensible et même suspecte”, estime M. Chelghoum qui affirme que l'Algérie avait à chaque fois, que des cas étaient signalés, pris les mesures nécessaires pour y faire face. “Nous sommes suffisamment rodés en ce qui concerne la prise en charge d'un tel problème, et l'Algérie continue d'appliquer certaines mesures dans ce cadre comme l'interdiction de l'importation d'intrants avicoles et de poussins de chair à partir de certains pays, mais également d'oiseaux exotiques vivants qui peuvent être une source de contamination pour la volaille”, souligne-t-il. Il est également conseillé aux voyageurs algériens de ne pas s'approcher des lieux d'élevage de la volaille lors de leurs déplacements à l'étranger. Le dispositif du suivi mis en place par le ministère de l'agriculture compte, en plus de la cellule centrale, des commissions locales installées au niveau de toutes les wilayas et présidées par les directeurs des services agricoles. En ce qui concerne les équipements de prévention (combinaisons, masques, chaussures…), M. Chelghoum indique que les vétérinaires ont été dotés d'équipements nécessaires, hérités des précédentes campagnes anti-acridiennes. De même pour l'Institut national de médecine vétérinaire qui, selon l'orateur, dispose de moyens de diagnostic suffisants pour faire face à tous types de prélèvement. Pour sa part, M. Bouguedour a tenu à écarter tout danger qui pourrait provenir des oiseaux migrateurs qui fréquentent les zones humides du pays. “L'Algérie n'est pas concernée par les flux migrateurs venant de l'Asie ou de la Sibérie qui passent par la Tunisie, mais par ceux en provenance de l'Europe occidentale. Dans ces pays, les mesures prises pour prévenir l'apparition du virus sont draconiennes”, explique-t-il, soulignant au passage que l'Algérie a géré des crises encore plus importantes et plus graves comme la vache folle, la blue tongue et le SRAS avec succès grâce à des mesures efficaces prises à temps. Quant aux moyens humains mobilisés, M. Bouguedour précise qu'en plus des 1 300 vétérinaires travaillant dans le secteur public, il existe quelque 5 000 praticiens privés que l'Etat peut réquisitionner à tout moment en cas de besoin. Evoquant les contrôles menés jusqu'à présent sur les cas suspects signalés, M. Bouguedour affirme que tous les prélèvements faits depuis l'été se sont avérés négatifs. Interrogé à propos de la disponibilité de vaccins anti-grippe aviaire, le secrétaire général du ministère de l'agriculture a répondu qu'“on ne peut se permettre de débourser de l'argent pour l'achat du vaccin alors qu'on ne sait pas à quel type de virus nous avons affaire parce que le virus de la grippe aviaire change continuellement”. Afin de tranquilliser la population inquiète des proportions prises par cette pandémie, M. Bouguedour note, pour sa part, que la transmission du virus à l'homme est très rare comme le montrent les statistiques. En effet, 250 millions de volailles affectés et incinérés en Asie, alors que les cas de transmission à l'homme enregistrés sont de l'ordre de 120. “Ce sont tous des gens qui travaillent de près ou de loin dans l'élevage de la volaille et qui sont de ce fait en contact direct avec les animaux contaminés”, indique encore M. Bouguedour qui souligne, enfin, que la consommation de la viande blanche cuite ne présente aucun danger pour la santé, puisque même s'il est présent dans la viande, le virus de la grippe aviaire est détruit à 70%. Hamid Saïdani