Le secteur du BTPH a été sérieusement mis à mal par l'impact de la pandémie de Covid-19. L'on évoque même la fermeture de milliers d'entreprises et la perte de centaines de milliers d'emplois en 2021. La récente reprise de l'activité, censée réanimer le secteur, semble, elle aussi, compromise. C'est du moins ce qui ressort des déclarations de Fethi Mokhtari, président de la Confédération générale du patronat (CGP). Lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de la Confédération à Birkhadem (Alger), Fethi Mokhtari a indiqué qu'après le confinement et les restrictions imposées aux transports des marchandises, le secteur se voit aujourd'hui confronté à la problématique de la hausse des prix des matériaux de construction. Cette augmentation des prix qui oscille entre 100 et 200% plombe la reprise de l'activité et constitue une menace pour les entreprises qui se rapprochent de plus en plus de la faillite. Les chantiers accuseront du retard, même ceux qui sont sous la coupe d'entreprises étrangères. Selon le président de la CGP, le secteur traverse une période très difficile. Le taux de faillite des entreprises du secteur a atteint 20%. Globalement, ces entreprises ont perdu 40% de leur masse salariale. Il a ajouté que le nombre de personnes déclarées à la sécurité sociale est de moins de 800 000 alors qu'il était à plus de 1 million avant la pandémie. Sans compter les emplois artisanaux qui gravitent autour du secteur (plombier, menuisier...). Un chiffre difficile à comptabiliser. La conjoncture que traverse le pays a fait que de nombreux projets ne sont pas concrétisés et ne seront pas livrés à temps. Ce qui impacte négativement le Trésor public. La reprise de l'activité avec la hausse des prix enregistrée constitue, selon Fethi Mokhtari, un suicide pour les entreprises. À titre indicatif, le conférencier a souligné que le prix du fer est passé, en quatre mois, de 7 000 DA à 13 000 DA. Le coût des projets a pratiquement triplé par rapport à ce qu'il était avant la pandémie. Pour éviter la faillite de ces entreprises, le président de la CGP demande l'intervention des pouvoirs publics. Selon lui, le code des marchés publics ne protège pas les entreprises dans cette conjoncture, notamment pour le volet révision des prix. Il faut, a-t-il ajouté, une réactualisation des cahiers des charges selon les conjonctures. La révision des prix devra se faire, explique-t-il, sur la base de l'indice des prix actuels (2021). Outre cette problématique de la hausse des prix des matériaux, Fethi Mokhtari est également revenu sur les nombreuses entraves auxquelles sont confrontées les entreprises à l'instar des retards de paiement, le non-respect des dispositions du code des marchés publics, le manque de transparence dans l'attribution des marchés et, surtout, le problème de l'interprétation des lois. Le président de la CGP a indiqué que son organisation avait saisi les pouvoirs publics pour trouver une solution à cette situation. Une correspondance a été envoyée au Premier ministre, mais est, malheureusement, restée sans suite. Fethi Mokhtari, qui attend beaucoup du prochain gouvernement, a conclu que si les choses restent en l'état, les entreprises ne pourront tenir au-delà d'une année. Saïd Smati