Après une période de relative accalmie, la courbe des contaminations par la Covid-19 repart à la hausse. Les hôpitaux commencent à être saturés et les spécialistes multiplient les appels à la vigilance. Les dernières mesures d'urgence annoncées par les autorités sanitaires pour la prise en charge hospitalière des cas Covid laissent croire que la remontée fulgurante des contaminations risque de s'inscrire dans la durée. Il s'agit, en fait, d'un retour à partir d'aujourd'hui au dispositif de lutte contre le coronavirus qui était en vigueur durant les deux premières vagues. En effet, les 475 nouvelles contaminations par la Covid-19 enregistrées avant-hier sonnent comme un record de contagion de la troisième vague qui dure depuis deux mois. Les spécialistes n'excluent pas d'atteindre des chiffres encore plus inquiétants dans les prochains jours, notamment avec le relâchement de la population et la multiplication des clusters des variants. Ce nouveau pic de contaminations se répercutera sans doute sur les moyens de prise en charge dans les unités de réanimation. Force est d'admettre que les seules unités d'hospitalisation et de réanimation dégagées jusque-là affichent complet dans des hôpitaux d'Alger. La wilaya d'Alger occupe seule la plus haute marche du podium en termes de nombres quotidiens de contagions. Le décompte épidémiologique d'Alger a affiché pas moins de 98 cas positifs confirmés par PCR, rien que pour la journée de vendredi. C'est dire que la capitale, qui compte près de 5 millions d'habitants, semble produire régulièrement des clusters épidémiques. Plusieurs formes graves, qui nécessitent une prise en charge intensive, ont été d'ailleurs signalées dans plusieurs établissements hospitaliers d'Alger. Pour anticiper et tenter d'endiguer les effets de cette nouvelle vague qui s'annonce violente et brutale, une réunion d'urgence, qui a regroupé les cadres centraux et les directeurs des hôpitaux d'Alger, a été convoquée par le président du Comité scientifique et ministre de la Santé, le Pr Abderrahmane Benbouzid. Après quoi, des instructions ont été données afin d'accélérer le processus de remise en place du dispositif de riposte d'urgence adopté lors des deux premières vagues. "Nous avons en fait repris le plan de riposte et de lutte contre la Covid qui avait fait ses preuves durant les précédentes vagues épidémiques. Il s'agit d'un plan qui a permis de juguler les effets de la pandémie", a expliqué, hier, à Liberté, le Pr Lyès Rahal, directeur général des services sanitaires au ministère de la Santé. Le dispositif en question suggère la mobilisation de moyens humains et matériels pour prendre en charge les patients qui se bousculent quotidiennement au niveau des services dédiés à la Covid-19. "Pour faire face à cette recrudescence, nous avons décidé donc de revenir au dispositif de 20 000 lits d'hospitalisation à travers le territoire national. Il est aussi prévu d'augmenter les capacités d'oxygénation des hôpitaux, tout en dotant les autres salles d'hospitalisation de moyens de ventilation", rassurera le Pr Rahal qui réfute l'utilisation du vocable "saturation des hôpitaux". Pour étayer ses propos appuyés par des chiffres, le DGSS indiquera que "plus de 2 000 lits d'hospitalisation et plus de 231 places en réanimation sont mobilisés au niveau des CHU et des EPH de la capitale". "Ces chiffres sont appelés à augmenter au fur et à mesure que des places dédiées pour d'autres pathologies se libèrent. On ne peut tout de même pas faire sortir des malades souffrant d'autres pathologies. Nous avons aussi mobilisé les EPH de Blida, de Tipasa et de Boumerdès comme base arrière hospitalière pour Alger", annoncera le représentant du ministère de la Santé. Pour le Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d'immunologie, "les hôpitaux d'Alger ne sont pas du tout saturés". "Il y a pas mal d'hôpitaux qui tournaient avec seulement 20% de leurs capacités. Ces établissements affichent complet par rapport aux 20% mobilisés, sinon le reste, soit 80% des lits, ne sont pas encore dégagés pour cette infection", préviendra le Pr Djenouhat. D'ailleurs, des chefs d'établissements hospitaliers d'Alger ont demandé aux chefs de service de "cesser toute activité de soins et de formation et de prendre les dispositions essentielles en vue de mobiliser le personnel soignant nécessaire et les lits exclusivement à l'hospitalisation et à la prise en charge des malades atteints de Covid-19". C'est dire que l'alerte est donnée pour anticiper une éventuelle asphyxie des services Covid.