Pour la première fois, les autorités sanitaires envisagent le recours aux hôpitaux de campagne pour désengorger les infrastructures hospitalières et faire face au flux important des contaminés par le Covid-19. "La situation sanitaire induite par l'épidémie du coronavirus demeure inquiétante et alarmante. La deuxième vague a franchi le cap du millième de cas en 24 heures. La contamination est désormais à quatre chiffres." Ces propos au ton grave émanent du ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid qui a tenté hier de fournir des détails sur la crise pandémique qui continue à ébranler le monde entier. S'exprimant sur les ondes de la Chaîne III, le ministre a indiqué que les courbes de la maladie virale émergente sont reparties à la hausse ces dernières semaines. "La deuxième vague est là et est annonciatrice d'une situation encore pire en raison du début de la saison de froid, de la promiscuité et de la rentrée sociale", a averti le représentant du gouvernement en se montrant, toutefois, rassurant. "Nous faisons toujours face à la situation. La situation est maîtrisée", assure-t-il, avant d'évoquer dans le détail les moyens de lutte et de prise en charge supplémentaires qui seront mobilisés au cas où la situation viendrait à atteindre un "seuil plus effrayant encore", notamment si les hôpitaux arrivaient à saturation totale. Face à cette éventualité, le Pr Abderrahmane Benbouzid a précisé que son département a prévu de recourir à d'autres solutions d'hospitalisation, si les 18 000 lits mobilisés à l'échelle nationale sont totalement occupés. "Dans le cas où les établissements de santé ouverts jusque-là font le plein, nous avons prévu des hôpitaux de campagne qui seront prêts à être mobilisés pour y faire face. Ce n'est pas encore le cas puisqu'il y a encore de la place dans les hôpitaux. Ce ne sont pas tous les établissements qui sont saturés. Le taux d'occupation actuel des lits ne dépasse pas les 42%", a-t-il dit. Evoquant les désagréments sanitaires que peuvent éventuellement engendrer ce type de cliniques d'hospitalisation, le ministre a fait remarquer qu'il ne souhaite pas recourir à ces structures hospitalières. "Les hôpitaux de campagne posent des problèmes. Ceux qui sont à notre disposition n'ont pas de structures d'hygiène. Ces structures ne sont pas dotées de toutes les commodités nécessaires", a-t-il admis avec regret. Pour lui, le recours à cette extrême solution n'interviendrait qu'une fois que toutes les solutions envisageables épuisées. "Je préfère mobiliser plus de lits ou réduire certaines activités qui ne sont pas urgentes que d'aliter des malades dans des hôpitaux de campagne", soutient-il. Dans le même ordre d'idées, le ministre ne manque pas de rappeler que d'autres solutions d'hospitalisation sont prévues et possibles pour faire face aux situations de saturation "extrêmes et urgentes". Pour étayer ses propos, il annonce que pour le cas d'Alger, à titre d'exemple, dont les hôpitaux affichent complet ces derniers temps, le gouvernement a prévu et a aménagé, en cas de situation d'urgence, tout un hôtel de 250 lits doté de toutes les commodités d'hospitalisation d'urgence et avec des sources d'oxygène. "Cette mesure est prévue et valable pour Alger ainsi que pour les autres wilayas. Ce sont des mesures que nous envisageons en cas de situation d'extrême urgence. Et pour le moment, nous n'en sommes pas encore là." Dans le même contexte, Abderrahmane Benbouzid n'hésite pas à exposer le dernier point de la situation liée aux hospitalisations à travers le territoire national. Selon lui, les structures de santé n'affichent pas toutes complet "à partir du moment qu'uniquement 50% de places sont occupées dans les hôpitaux du pays". "Plus de 18 000 lits et 1 500 places en réanimation sont mobilisables pour faire face à la deuxième vague, alors que le pourcentage d'occupation de lits ordinaires est autour de 42% et celui de la réanimation ne dépasse pas les 39%", précise-t-il. Comment se fait-il alors que des patients peinent à trouver une place dans un hôpital notamment à Alger ? Sur cette question, le ministre a reconnu tout de même que "la tension est extrême à Alger, à Tizi Ouzou et à Béjaïa, mais que partout ailleurs, seuls cinq ou six malades sont hospitalisés dans des hôpitaux de 200 lits". "C'est un problème de coordination entre les établissements" déplore-t-il, avant d'espérer qu'"avec le dispositif qu'on est en train de mettre en place, je pense qu'on mettra fin à cette incoordination". S'agissant de l'éventuel durcissement du confinement dans les prochains jours, l'invité de la Radio nationale a rappelé que "le gouvernement n'envisage pas pour le moment le durcissement du dispositif de mise en quarantaine de la population". "Néanmoins, cette option demeure envisageable. Autrement dit, toute situation épidémiologique appelle d'autres mesures, si nous venons à dépasser évidemment les chiffres admissibles de contamination". Sur un autre registre, il ne manque pas de réitérer la position du gouvernement concernant l'éventuelle fermeture des écoles, comme le souhaitent certains. "Il est hors de question de sacrifier l'avenir et la scolarité des enfants, sauf si une situation particulière venait à s'installer." Enfin, à propos des conditions d'acquisition du vaccin anticoronavirus, le ministre de la Santé a rappelé que les pouvoirs publics sont en attente de la "validation et de la qualification" de la panoplie de vaccins proposée par un nombre de producteurs pharmaceutiques et près avoir engagé des négociations scientifiques avec des fournisseurs. "Nous sommes en attente puisqu'il s'agit d'un vaccin d'une nouvelle génération dit ARN. C'est un vaccin nouveau. La problématique pour L'Algérie est le choix du vaccin. Ce n'est pas une question de moyens financiers", explique le ministre avant de conclure sur une note d'espoir : " Les fournisseurs avec lesquels nous avons négocié nous ont promis de nous livrer une première quantité au courant du premier trimestre de l'année prochaine et le reste sera livré à partir du deuxième trimestre."