■ Pour la troisième année consécutive, le général à la retraite, Ali Ghediri, candidat à l'élection présidentielle avortée d'avril 2019, passe les célébrations de la Fête de l'indépendance derrière les barreaux. Arrêté en juin 2019, il est toujours en attente de la programmation de son procès. S'il dit refuser une grâce parce qu'il "n'a commis aucun crime", Ali Ghediri se considère, néanmoins, comme "le plus ancien détenu politique" qui croupit dans une prison algérienne. Dans une lettre adressée aux Algériens, en avril dernier, Ali Ghediri avait accusé le pouvoir de l'avoir confiné "depuis le 13 juin 2019". "Faisant de ma personne le détenu politique le plus ancien, je dirais même le seul de la République", disait-il. Plus de deux ans après sa mise en détention, pour avoir demandé, en décembre 2018, au chef d'état-major de l'armée, le défunt Ahmed Gaïd Salah, de "stopper" l'ambition du 5e mandat, Ali Ghediri ne connaît toujours pas la date de son procès. Accusé d'"atteinte au moral de l'armée", l'ancien responsable des ressources humaines au ministère de la Défense nationale avait, dans un premier temps, refusé d'être jugé par la chambre criminelle. Il a alors introduit un appel auprès de la Cour suprême qui l'a débouté. La cour d'Alger a donc renvoyé l'affaire à la chambre criminelle qui siège au tribunal de Dar El-Beïda. Malgré sa situation, ses avocats et les membres de ses comités de soutien, essaimés aux quatre coins du pays, gardent l'espoir de le voir sortir de prison, alors qu'ils attendent la programmation de son procès qui interviendra, visiblement, lors de la prochaine session criminelle. "Ali Ghediri sortira de prison", a simplement écrit Me Nabila Slimi, son avocate qui l'accompagne depuis le début de son incarcération. Tous attendent un geste du chef de l'Etat surtout qu'à chaque occasion, des détenus sont libérés. En juin 2020, il avait écrit une lettre au président de la République. En vain. Avant de contracter la Covid-19, il avait entamé, en juillet 2020, une grève de la faim, "un sacrifice ultime" en signe de protestation contre une détention qu'il a toujours considérée "arbitraire". Mais face à l'insistance de ses proches et de ses avocats, il a fini par interrompre son action et décidé de poursuivre le combat sur le plan juridique. Depuis, plusieurs avocats ont rejoint son collectif de défense pour plaider sa libération. Ali Ghediri, 65 ans, a été candidat à l'élection présidentielle d'avril 2019 avec comme slogan "Le changement du système". "Ou c'est moi, ou c'est le système", disait-il pour défendre sa candidature contre Abdelaziz Bouteflika. Il avait maintenu sa candidature malgré le début des manifestations populaires contre le 5e mandat. À ceux qui lui reprochaient sa volonté de continuer à défier le pouvoir malgré la présomption de fraude, Ali Ghediri tablait sur le "sursaut populaire". Un sursaut qui a emporté Bouteflika, mais qui n'a pas empêché Ali Ghediri de passer 25 mois en prison.