En détention préventive depuis près de deux ans, le général-major Ali Ghediri, candidat à l'élection présidentielle avortée d'avril 2019, n'a toujours pas été jugé pour les faits qui lui sont reprochés. Dans une lettre ouverte, le comité de soutien au général-major emprisonné interpelle le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, sur ce qu'il a intitulé "Le paradoxe du cas d'Ali Ghediri". Dans cette lettre, le comité de soutien d'Ali Ghediri estime que le chef de l'Etat doit "éclairer" l'opinion publique sur "ce paradoxe" afin, écrivent les rédacteurs de la lettre, "d'apaiser les interrogations des citoyens". Ils rappellent que l'ex-candidat à l'élection d'avril 2019 est incarcéré depuis le 13 juin 2019 et en attente de son procès. Ils rappellent, également, qu'il est accusé d'"atteinte au moral des troupes de notre glorieuse Armée nationale", ce qui est, en soi, estiment-ils, "un paradoxe", du fait, se défendent-ils, qu'Ali Ghediri "a effectué toute sa carrière au sein de cette même armée, et a servi loyalement son pays durant 42 ans". "À la date du 16 décembre 2020, un arrêt de la Cour suprême précise qu'il n'y a strictement aucun élément et tout ce qui a été mentionné dans le dossier ne contient pas le fait que cela aurait contribué à affaiblir le moral de l'armée", est-il souligné dans la lettre, regrettant, par ailleurs, que "le verdict de cette instance supérieure ait été remis en question par la cour d'Alger, chambre d'accusation, le 21 février 2021, et de surcroît transmis à la chambre criminelle d'Alger". Ce qui est "un paradoxe", est-il également mentionné dans la lettre. "M. Ali Ghediri, après 655 jours de détention préventive, est en attente d'un éventuel procès. C'est un paradoxe", lit-on dans la lettre, ajoutant qu'on "ne sait pas quand il va avoir lieu". "Malgré le soutien infaillible de sa famille et des siens, et en dépit de son courage et de sa dignité, M. Ali Ghediri voit son moral vaciller", alerte son comité de soutien dans le document, qui rappelle que le détenu "est petit-fils de chahid, fils d'ancien moudjahid, deux de ses enfants, ainsi que deux de ses frères sont sous les drapeaux", considérant que le parcours "irréprochable" et "cet engagement patriotique" ne peuvent que "plaider en sa faveur", raison pour laquelle, "son maintien en prison est un paradoxe". À rappeler qu'Ali Ghediri avait interpellé, récemment, l'opinion publique à travers une lettre, où il avait dénoncé son emprisonnement. Dans la même lettre, Ali Ghediri a dénoncé, aussi, le jugement de son affaire en criminelle. Il s'était, par ailleurs, interrogé sur le fait que "pour des faits similaires", des personnalités "ont été jugées en correctionnelle". Pour Ali Ghediri, cela confirme "le caractère politique" de sa détention.