Le général à la retraite, Ali Ghediri, a entamé, vendredi une grève de la faim. L'ancien candidat à l'élection présidentielle d'avril 2019 entend ainsi protester contre sa détention, qu'il estime "injuste". Ses avocats, qui lui ont rendu visite hier en début d'après-midi n'ont pas réussi à le convaincre d'introduire une demande de mise en liberté provisoire. L'homme ne veut pas donner l'impression de quémander la justice, nous indique-t-on dans son entourage. Pourtant, les avocats Khaled Bourayou et Nabila Selimi-Benhamdine allaient introduire, hier, une troisième demande de liberté provisoire, les deux premières ayant accusé une fin de non-recevoir. À la place de cette demande, Ali Ghediri a demandé à ses deux avocats de venir le voir, pour hier dimanche, afin de leur transmettre "une déclaration" contenant "une annonce grave". Le message va être rendu public, aujourd'hui. En attendant, l'homme a arrêté de s'alimenter depuis vendredi, un jour durant lequel même les avocats ne peuvent pas lui rendre visite. Le geste d'Ali Ghediri traduit une situation de détresse. Cela fait, en effet, treize mois que l'homme se trouve derrière les barreaux. Accusé dans un premier temps "d'espionnage à travers la transmission d'informations sensibles" à "des parties étrangères", l'ancien candidat à l'élection présidentielle a fini par être absous de cette accusation. Le 10 juin dernier, la chambre criminelle près la Cour d'Alger a gardé la charge d'"atteinte au moral de l'armée". Pis encore, contrairement à d'autres détenus arrêtés pour les mêmes chefs d'inculpation, Ali Ghediri est poursuivi pour "crime" et il risque d'être jugé par la "chambre criminelle" au lieu de "la correctionnelle". Selon ses avocats, le détenu, âgé de 66 ans, n'accepte pas l'accusation. Surtout que la justice lui reproche une déclaration faite au journal El Watan en décembre 2018. "L'armée doit protéger les élections", avait-il estimé. Pour protester contre cette accusation, Ali Ghediri a fait introduire une cassation auprès de la Cour suprême. Le problème, pour ses avocats, est que cela risque de prendre "au moins 6 mois" rien que pour avoir une réponse sur la recevabilité de la cassation. Après cela, la programmation du procès pourrait prendre trois mois supplémentaires. Une période durant laquelle l'homme doit encore rester en prison. Pour attirer l'attention du chef de l'Etat, Ali Ghediri avait rendu publique, en juin, une lettre dans laquelle il demandait notamment l'application de la loi et son droit à "un procès équitable". Ses avocats continuent d'ailleurs de porter la même revendication. Ali Boukhlef