Le retour de Ramtane Lamamra à la tête de la diplomatie algérienne constitue le principal fait marquant du nouveau gouvernement annoncé hier par la présidence de la République. Abdelmadjid Tebboune a décidé, à l'occasion, de se séparer de 18 ministres de l'ancienne équipe, notamment de Belkacem Zeghmati qui quitte le stratégique ministère de la Justice. Il est remplacé par Abderrachid Tabi qui occupait le poste de premier président de la Cour suprême. À la veille de l'installation de la nouvelle Assemblée populaire nationale, la présidence de la République a rendu publique la liste de la nouvelle équipe gouvernementale qui travaillera sous la conduite du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane. Si l'annonce de l'équipe gouvernementale a été, contrairement à la tradition, faite, solennellement, par un conseiller du chef de l'Etat, le nouvel Exécutif se caractérise par quelques surprises, beaucoup de revenants, des restants et quelques départs de poids. Et un Premier ministre qui cumule son poste avec celui des Finances. Le premier changement notable est celui opéré à la tête des Affaires étrangères avec le retour aux affaires de Ramtane Lamamra, qui remplace Sabri Boukadoum, en poste depuis avril 2020. Outre la diplomatie classique, ce diplomate au long cours, qui était récemment envoyé spécial des Nations unies pour la Corne de l'Afrique, s'occupera également de la "communauté nationale à l'étranger", un poste supprimé durant de longues années. Lamamra, 69 ans, est un fin connaisseur des travées de la diplomatie où il a occupé, durant de longues années, le poste de Commissaire de l'Union africaine chargé de la Sécurité. Lamamra aura notamment la lourde tâche de suivre la situation en Libye — dans laquelle l'ONU a voulu le nommer comme Envoyé spécial — et au Sahel. L'autre grande nouveauté est le départ du ministre de la Justice. Belkacem Zeghmati, nommé dans des conditions controversées en août 2020, cède sa place à un habitué des palais de justice. Abderrachid Tabi, jusque-là premier président de la Cour suprême, devient ainsi garde des Sceaux dans une période sensible marquée notamment par des arrestations massives parmi les militants politiques. En revanche, Kamel Beldjoud, considéré comme un proche du chef de l'Etat, garde la main sur le département de l'Intérieur. Il fait partie des 18 membres du gouvernement qui poursuivront leur mission sous la conduite de Benabderrahmane. Les portefeuilles de l'Energie et des Mines, de l'Agriculture et du Développement rural, de l'Habitat, du Commerce de la Santé ne changent pas de main. C'est le cas également pour la Communication, puisqu'Ammar Belhimer ne quitte pas l'Exécutif, mais perd son statut de porte-parole du gouvernement. À l'Education nationale, Mohamed Ouadjaout cède sa place à Abdelhakim Belabed, ancien secrétaire général du ministère sous Nouria Benghabrit. Le secteur du tourisme a également été confié à l'ancien secrétaire général du département, à savoir Yacine Hammadi. De son côté, Md Tarek Belaribi garde le ministère de l'Habitat, de même que Kamel Nasri à la tête des Travaux publics. Contrairement aux attentes des partis politiques qui ont participé aux élections législatives du 12 juin dernier, la nouvelle équipe gouvernementale compte très peu de "politiques". Ainsi, seuls Ahmed Zeghdar (Industrie) et Samia Moualfi (Environnement) sont issus du FLN. Wafa Chaâlal (Culture) est issue du RND, tandis que Basma Azouar (Relations avec le Parlement) représente El-Moustakbal. Yacine Merabi (Formation professionnelle), lui, est vice-président du parti El-Bina. D'autres départements ministériels sont confiés à des cadres issus de leur secteur. C'est le cas des Ressources en eau qui est désormais géré par Karim Hasni, ancien directeur général de l'Office national de l'Assainissement, nommé récemment président du conseil d'administration de la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seaal). De même, le directeur général de la Caisse nationale de la Sécurité sociale (Cnas), Abderrahmane Lahfaya, est désormais ministre du Travail, tandis que l'ancien P-DG d'Algérie Télécom, Karim Bibi Triki, est désigné ministre de la Poste et des Télécommunications. Comme lors des précédents gouvernements, la présence féminine demeure insignifiante dans la nouvelle équipe. Elles ne sont, en effet, que 4 femmes à y figurer sur 32 ministres et ministres-délégués. Les nouveaux ministres entameront aujourd'hui leur travail, en même temps que l'installation des nouveaux députés.