Bamako a "vivement protesté" samedi contre des propos critiques envers les militaires maliens putschistes du président nigérien Mohamed Bazoum au sujet de la propension des colonels au Mali à prendre le pouvoir après des revers militaires, jugeant qu'ils allaient "à l'encontre des relations d'amitié et de fraternité" entre les deux pays. "Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu'ils ont des déboires sur le front (...), que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d'Etat", a déclaré vendredi M. Bazoum, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue français Emmanuel Macron à Paris. "Qui va faire la guerre à leur place ?, a-t-il ajouté. Ce serait facile si chaque fois qu'une armée de nos pays a un échec sur le terrain, elle vient prendre le pouvoir ! (...) Ce ne sont pas des choses acceptables." Le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a "reçu ce vendredi 9 juillet l'ambassadeur de la République du Niger au Mali" Mamoudou Moumouni, et "a tout d'abord fait part de l'étonnement du gouvernement malien face à de tels propos et a en conséquence élevé, au nom du gouvernement de la République du Mali, une vive protestation auprès du gouvernement de la République du Niger". Cette polémique entre les deux pays sahéliens survient alors que les nouvelles autorités de transition s'attellent à préparer les conditions objectives de l'élections présidentielle de février 2022, qui va permettre de remettre le pouvoir à un président civil élu, conformément aux engagements pris devant la communauté internationale. Dans ce cadre, le gouvernement du premier ministre Maiga a dévoilé un projet de mise en place d'un organe unique de gestion des élections en prévision de l'élection présidentielle. "Il s'agit de la structure transitoire des élections qui sera chargée de l'audit du fichier électoral et de la relecture de la loi électorale. Un organe unique de gestion des élections qui est une recommandation forte de la classe politique, destiné à éviter les problèmes de décompte et de proclamation des résultats des élections entre le ministère de l'administration territoriale et la cour constitutionnelle, indiquent à ce titre des observateurs de la scène politique malienne. Sur le plan sécuritaire, les forces armées maliennes ont mené des opérations qui visent essentiellement à stabiliser le centre du pays en proie ces dernières années à des conflits intercommunautaires et à des attaques terroristes contre l'armée malienne, les forces étrangères comme Barkhane et les populations civiles. Elles visent également à neutraliser les groupes criminels et terroristes, soutenir les autres actions de normalisation et empêcher l'expansion du terrorisme vers le sud", selon des sources militaires maliennes. Ainsi, les différentes opérations menées au centre et dans le nord du Mali par l'armée et ses partenaires du 24 décembre 2020 au 30 juin dernier ont permis d'éliminer 245 terroristes et d'en interpeller 196, a annoncé vendredi le colonel Souleymane Dembélé, chef de la direction de l'information et des relations publiques des armées (Dirpa), lors d'un point de presse à Bamako. L'opération Maliko de l'armée malienne, à elle seule, s'est soldée par la mort de 64 terroristes et l'interpellation de 104 autres durant cette période. Concernant les opérations conjointes avec la force française Barkhane, le responsable de la Dirpa a indiqué que le bilan était de 106 terroristes tués et 52 interpellés. Pour les opérations conjointes avec le G5 Sahel, il est de 75 terroristes tués et 40 personnes interpellées, a-t-il ajouté.