La force française antiterroriste Barkhane a indiqué vendredi s'être déplacée sur les lieux d'une frappe menée dimanche par son aviation au Mali, réaffirmant qu'elle n'avait touché que des terroristes alors que des villageois ont rapporté des victimes civiles au même moment dans le même secteur. «Dans la matinée, une mission terrestre composée de militaires de la Force Barkhane s'est rendue sur les lieux de la frappe française réalisée le 3 janvier dernier au nord du village de Bounti», a indiqué l'état-major dans un bref communiqué. «Les éléments recueillis au cours de cette mission sont en tous points conformes à l'analyse et l'évaluation de situation produites jusqu'à présent». Les faits qui se sont produits dans le secteur de Douentza-Hombori (centre) suscitent depuis des jours des interrogations sur l'éventualité d'une bavure au coeur de l'un des principaux foyers de la violence qui ensanglante le Sahel. Des villageois et une association de défense de l'ethnie peule ont fait état d'une frappe aérienne ayant atteint une fête de mariage, faisant une vingtaine de morts dans le village de Bounti. Décrit par plusieurs villageois comme un hélicoptère, l'appareil qui aurait tiré ne pourrait a priori appartenir qu'aux armées malienne ou française, les seules à frapper du ciel malien. Mais la France, qui a gardé le silence jusqu'à mardi, ainsi que les autorités maliennes, affirment que les frappes aériennes visaient bien un groupe de terroristes. Paris a exclu l'usage d'un hélicoptère comme la présence d'un mariage sur les lieux. «Cette action de combat», effectuée au moyen de «trois bombes» a permis de «neutraliser» une trentaine de terroristes, avait rappelé l'état-major jeudi soir, ajoutant que les éléments disponibles permettaient «d'exclure la possibilité d'un dommage collatéral». Les autorités maliennes avaient pour leur part livré une version cohérente avec celle de l'armée française. Elles ont annoncé l'ouverture d'une enquête «pour mieux comprendre ce qui s'est passé». Six soldats de la force antiterroriste Barkhane ont été blessés vendredi matin au Mali par un véhicule-suicide piégé, la troisième attaque subie par les militaires français depuis la fin décembre, a indiqué l'état-major de l'armée française. Dans la zone dite des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso), «un véhicule inconnu s'est dirigé à vive allure» vers l'arrière d'un convoi en opération avec des militaires maliens, selon le communiqué. «Un véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI) s'est alors interposé pour protéger les autres éléments de la force. Devant cette manoeuvre, le conducteur (...) a fait déclencher sa charge explosive», a-t-il été précisé. «Six militaires français ont été blessés mais leur pronostic vital n'est pas engagé». Ils ont été évacués par hélicoptère vers l'hôpital militaire de Gao. Trois d'entre eux feront l'objet d'un rapatriement vers la métropole samedi. Le tribut est particulièrement lourd en ce début d'année pour l'armée française, qui déploie 5.100 hommes au Sahel aux côtés des armées du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger). Depuis le 2 janvier, les décès portent à 50 le nombre de soldats français tués au Sahel depuis 2013 dans les opérations antiterroristes Serval puis Barkhane. Les deux dernières attaques mortelles ont été revendiquées par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda. Par ailleurs, l'ex-Premier ministre malien Boubou Cissé n'est pas en fuite, mais «en lieu sûr» à Bamako, contrairement à ce que suggère la justice qui le met en cause comme le cerveau d'une tentative de renversement des autorités, ont indiqué ses avocats vendredi. Boubou Cissé, dernier chef de gouvernement du président Ibrahim Boubacar Keïta renversé par un coup d'Etat militaire le 18 août 2020, fait partie des sept personnalités civiles mises en cause fin décembre par la justice. Celle-ci les considère comme les protagonistes d'une «entreprise de déstabilisation» des autorités mises en place par les colonels pour mener à bien une transition censée ramener les civils au pouvoir. Il se serait agi de discréditer les autorités et de semer le trouble jusqu'à la chute du gouvernement, selon le parquet. Cinq de ces personnalités ont été écrouées. Mais Boubou Cissé, lui, «est resté introuvable», avait indiqué le parquet. Boubou Cissé «est à Bamako et en lieu sûr», a dit à la presse l'un de ses avocats, Me Marcel Ceccaldi. «Boubou Cissé n'est pas en fuite», a renchéri un autre avocat, Kassoum Tapo.