Le processus politique en Libye est dans l'impasse. L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Jan Kubis, qui en a fait le constat jeudi lors d'une réunion d'information du Conseil de sécurité, s'est dit "profondément préoccupé par la ramification large de l'impasse dans le volet politique électoral du dossier libyen". Lors de cette réunion tenue au niveau ministériel, l'émissaire de l'ONU pour la Libye a en effet établi le constat sur une série d'échecs qui risquent de compromettre la tenue dans les délais des élections législatives et présidentielle prévues le 24 décembre prochain. À commencer par l'échec des 75 personnalités du forum du dialogue politique libyen, réunies du 28 juin au 2 juillet à Genève, à se mettre d'accord sur les modalités des élections législatives et présidentielle du 24 décembre. La commission militaire mixte, dite 5+5, a aussi reporté la réouverture de la route côtière reliant l'est à l'ouest du pays pour protester contre l'impasse sur le retrait des mercenaires, des combattants étrangers et des forces étrangères. Et enfin, le Parlement n'avait pu adopter le budget du gouvernement unifié en raison du non-paiement des salaires pour des personnels issus de l'opposition. Pour autant, Jan Kubis a exhorté toutes les parties libyennes à mettre de côté leurs divergences et à mettre en place une base constitutionnelle pour les élections du 24 décembre, et a annoncé que les mesures étaient en cours pour déployer des éléments de l'ONU en Libye pour surveiller le cessez-le-feu. En relevant qu'il n'y avait pas de ministre de la Défense nommé en Libye, l'envoyé spécial de l'ONU a mis en garde contre les conséquences de cette décision qui retarderait l'unification de l'institution militaire. "Le travail de la Commission militaire 5+5 pourrait être vain, malgré la tenue du cessez-le-feu", a-t-il prévenu. En outre, le responsable onusien a relevé que "les intérêts personnels étaient à l'origine du retard du dialogue politique et nous craignons que le spectre de la guerre ne revienne dans le pays". Pour sa part, le Premier ministre libyen, Abdelhamid Debeïbah, a indiqué voir "un rayon d'espoir au bout du tunnel" après des années de guerre. Concernant les combattants étrangers présents dans son pays, il a demandé au Conseil de contribuer avec les Libyens au règlement de cette question "dans le respect de toutes les parties, des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et conformément aux accords de la conférence de Berlin". "Ces combattants doivent se retirer", a-t-il martelé. Dans son discours, Debeïbah a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à "mettre en œuvre ses résolutions successives pour lutter contre les obstructionnistes locaux et internationaux qui menacent toujours par les guerres et les solutions militaires, et travaillent de toutes leurs forces pour priver le peuple libyen d'exprimer sa volonté". Le Premier ministre a appelé la communauté internationale à apporter son soutien à la réussite du processus politique en Libye et à l'instauration d'une "réconciliation nationale globale" et à aider la Libye à unifier l'institution militaire et de sécurité et à contribuer à soutenir une stratégie de sécurité globale. Auparavant, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, président en exercice en juillet du Conseil de sécurité, comme son homologue allemand Heiko Maas, ont souligné l'impératif que "le calendrier électoral soit respecté", en appelant à établir un "calendrier" du retrait des forces étrangères en Libye, et qui pourrait commencer par un départ des combattants syriens. Ce point de vue a été partagé par l'ensemble des membres du Conseil de sécurité, qui a adopté jeudi une déclaration unanime pressant les parties libyennes de faire des progrès pour respecter l'échéance électorale de décembre.