En attendant les développements que connaîtra la scène internationale au vu de l'intense activité au siège de l'ONU, le fils de Rafic Hariri revendique la mise en place d'un tribunal international pour juger les coupables. Damas est plus que jamais menacé de sanctions internationales. Dos au mur, le régime de Bachar Al-Assad n'a d'autres choix que de réagir rapidement sous la pression internationale qui ne cesse de s'accroître depuis la divulgation du rapport de l'enquêteur onusien Détlev Mehlis. La dernière réaction en date émane du député libanais et fils de l'ancien Premier ministre assassiné, Rafic Hariri. Dans un discours télévisé depuis sa résidence, hier, à Djeddah en Arabie Saoudite, Saâd Hariri réclame un tribunal international pour juger les assassins de son père. “Nous voulons que les coupables soient jugés devant un tribunal international”, a-t-il annoncé. “Le rapport de la commission d'enquête est le premier pas sur le chemin de la vérité (...), afin que justice soit faite pour apaiser le peuple libanais et le gouvernement et assurer la stabilité du Liban”, a ajouté le nouvel homme fort de l'opposition antisyrienne au pays des Cèdres. Affichant une position ferme quant à sa revendication, Saâd Hariri affirme : “Les résultats de l'enquête internationale ne peuvent faire l'objet d'aucun compromis parce que le sang du peuple libanais et le sang de Rafic Hariri ne peuvent faire l'objet d'aucun compromis.” Continuant sur sa lancée, il dira que “la chute du régime sécuritaire au Liban et l'emprisonnement de plusieurs de ses symboles” sont des résultats positifs de l'enquête. Quant aux conséquences de l'implication de la Syrie, il indiquera que cela ne va pas nuire aux relations entre les peuples syrien et libanais. “L'implication de certains dans le crime terroriste ne portera pas atteinte à notre vision et à nos relations fraternelles avec le peuple syrien”, a-t-il insisté. Par ailleurs, l'ancien président libanai, Amine Gemaye, s'est prononcé en faveur d'un tribunal international pour juger les assassins de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, dans une interview au quotidien France Soir paru hier. “Ma préférence va vers un tribunal international”, a déclaré l'ancien président (1982-1988), avant d'ajouter : “Il faut aujourd'hui œuvrer à la tenue d'un tribunal pénal équitable qui en condamne les auteurs.” À Beyrouth, le gouvernement libanais a tenu, hier après-midi, une réunion extraordinaire pour examiner le rapport de la commission d'enquête de l'ONU. “La réunion a été décidée après des contacts intensifs avec toutes les parties concernées entrepris par le Premier ministre Fouad Siniora”, a révélé une source gouvernementale. Emile Lahoud, le chef de l'Etat libanais, allié de Damas, se trouve dans une position très inconfortable même s'il persiste à nier son contact avec l'un des suspects, Mahmoud Abdel-Aal, lequel l'a appelé sur son téléphone portable à 12h47, quelques minutes avant l'explosion, le 14 février à Beyrouth, qui a coûté la vie à Rafic Hariri comme l'indique le rapport Mehlis. Une chose est sûre, les appels à son départ se sont multipliés. En attendant, les Etats-Unis ne ménagent aucun effort pour clouer au pilori le régime syrien avec le soutien cette fois d'une bonne partie de la communauté internationale. K. ABDELKAMEL