Un calme précaire régnait, hier, au sud du Liban, où Israël a mené des bombardements, malgré l'appel lancé par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) à un cessez-le-feu immédiat. Vendredi, le calme était revenu dans l'après-midi, après un échange d'hostilités entre l'Etat hébreu et le mouvement chiite libanais, où la tension était montée d'un cran, suite à des tirs d'une dizaine de roquettes, revendiqués par le Hezbollah, dans la région disputée du plateau du Golan occupé par Israël depuis 1967. Israël a effectué des tirs d'artillerie sur les fermes de Chebaa et près de Karchouba, marquant ainsi un réchauffement de ce front qui a connu une confrontation majeure en 2006. Mais, en dépit des échanges de tirs, qui n'ont pas fait de victimes de part et d'autre, les deux ennemis ont déclaré ne pas souhaiter d'escalade, après que la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a mis en garde contre "une situation très dangereuse" et appelé à un cessez-le-feu "immédiat". Le Hezbollah a indiqué avoir bombardé "des positions des forces d'occupation israéliennes dans la région des fermes de Chebaa", appellation libanaise du secteur. Selon Israël, 19 roquettes ont été tirées, dont six ont touché son sol. Trois ont manqué leur cible et les autres ont été interceptées par les défenses aériennes de l'Etat hébreu. Le mouvement chiite libanais a affirmé qu'il s'agissait d'une réponse aux frappes aériennes israéliennes de la veille sur le sud du Liban, les premières depuis 2014. "Nous ne voulons pas d'une escalade en vue d'une véritable guerre, mais bien sûr nous sommes prêts à cela", a déclaré à des journalistes Amnon Shefler, un porte-parole de l'armée israélienne. Même son de cloche du numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem. "Nous ne pensons pas que les choses se dirigent vers une escalade, bien que le Hezbollah soit préparé" à une confrontation, a-t-il affirmé à la presse. L'aviation israélienne utilise souvent l'espace aérien libanais pour mener des frappes en Syrie, mais ces raids n'avaient pas ciblé des bastions du Hezbollah. Les deux ennemis s'étaient livré une guerre de 33 jours en 2006 ayant tué 1 200 Libanais, en majorité des civils, et 160 Israéliens, pour la plupart des soldats. Depuis, les deux camps restent en état de guerre mais évitent tout embrasement. Cependant, "l'armée (libanaise) dans le village de Chwayya a arrêté quatre personnes qui ont tiré les roquettes et a saisi le lance-roquettes", après que des habitants druzes du village de Hasbaya ont arrêté vendredi un camion transportant un lance-roquettes utilisé lors de l'attaque du Hezbollah. Cette semaine, Israël a affirmé qu'il tiendrait l'Etat libanais pour responsable de " toutes les actions depuis son territoire" portant atteinte "aux civils israéliens et à la souveraineté d'Israël". Les Etats-Unis ont exhorté vendredi le Liban à "empêcher rapidement" les militants du Hezbollah de tirer des roquettes vers Israël. La France, qui mène les efforts internationaux pour relever le Liban, s'est de son côté dit "préoccupée par la montée des tensions", appelant à la "cessation des hostilités". Les échanges de tirs à la frontière libano-israélienne coïncident par ailleurs avec une recrudescence des tensions entre l'Etat hébreu et l'Iran, parrain du Hezbollah, dans la foulée d'une attaque meurtrière en mer d'Oman contre un pétrolier géré par la société d'un milliardaire israélien. R. I.