Selon un premier bilan provisoire, quelque 500 hectares et des centaines d'arbres fruitiers sont partis en fumée. Les habitants de Toudja, d'El-Kseur, de Boukhelifa et d'Aokas ont vécu hier l'enfer, au milieu des incendies qui ont fait au moins cinq morts, selon nos informations, et ravagé des dizaines d'hectares de forêt, causant également d'importants dégâts matériels. La localité de Barbacha a enregistré quatre morts, selon l'ancien maire et actuel membre de l'exécutif communal, Mohamed Sadek Akrour. Les victimes étaient en train de lutter contre les flammes qui ont ravagé le village d'Aït Sid-Ali, au lieudit Taâzibt. À Aokas, Tayri Djelloul, 40 ans, est mort, lui aussi, en affrontant les flammes au village d'Ansa, selon des sources villageoises. Les habitants du village Nator, limitrophe d'Oussama, dans la commune de Béjaïa, ont vécu, quant à eux, une journée et une nuit d'enfer. Ils sont toujours sous le choc. "Une maison a été touchée par des flammes qui atteignaient 15 mètres de hauteur, du jamais vu !", raconte Mokhtar, qui s'est mobilisé pour porter secours à ses voisins. "Un feu énorme a dévoré la colline en quelques minutes", relate Zahir, qui a vu de très près l'horreur d'un incendie qui a transformé le village où il réside en un véritable enfer. "C'était terrible, je n'oublierai jamais cette journée interminable", poursuit-il encore sous le choc. Ses mains, recouvertes d'un sparadrap noirci par le feu, en témoignent. Plusieurs animaux, des brebis — sept au total —, des poules, mais aussi des oliviers, des figuiers et autres arbres fruitiers, ont brûlé ainsi qu'un véhicule qu'il était impossible d'approcher à cause des flammes qui ont tout ravagé sur leur passage, blessant son conducteur. "Ce sont des flammes de 15 mètres, voire plus. Je n'ai jamais vu cela de ma vie. Et on ne pouvait pas y faire face avec des moyens rudimentaires", témoigne Mourad, qui essaie d'organiser les siens dans ce village en détresse. Et lorsque l'incendie a commencé à dévaster le milieu végétal, l'ambulance transportant le corps du pompier, Boubekeur Azeggagh, emporté par la Covid-19, avait du mal à passer en arrivant entre Nator et Oussama, en raison de ces flammes dévastatrices. Les gens ont tout fait pour permettre à l'ambulance d'avancer afin que le défunt puisse être enterré dans son village d'Adrar Oufarnou, à quelque trois kilomètres de là, affirment des riverains. Prendre la RN 24 reliant Béjaïa à la wilaya de Tizi Ouzou via Azeffoun n'était pas sans risques, au moment de l'incendie, notamment depuis le village d'Ighil El-Bordj jusqu'à Nator. Djahid, qui habite le village d'à côté, Oussama en l'occurrence, a vu impuissant les dizaines de ses oliviers — et les centaines appartenant à ses cousins — dévorés par les flammes. "J'avais une soixantaine d'oliviers dans le jardin, ils étaient tous allumés comme des chandelles romaines éclatant à 6 mètres de hauteur." Et bien sûr, poursuit-il, "on ne pouvait rien faire. Les braises tombaient sur celui qui tentait de s'y approcher. Au bout de quelques minutes, les flammes atteignent le village de Nator et les habitations. Les hommes tentaient d'y faire face avec le peu de moyens en leur possession. Un seul camion de la Protection civile sur les lieux". Khodir, ancien cadre de la santé, a passé la moitié de la nuit à veiller avec ses frères et ses enfants, guettant au loin l'incendie entourant Nator. Des vents forts et imprévisibles ont attisé les flammes, a-t-il affirmé. "On a passé la moitié de la nuit à arroser le toit de nos maisons et la végétation alentour, pour arrêter la propagation du feu. Mais cet incendie était différent", a-t-il ajouté. Selon un communiqué de la Protection civile de Béjaïa, 21 feux sont toujours actifs dans des villages de la wilaya de Béjaïa, selon une situation établie à 13h. Il s'agit en l'occurrence de Tizi Ougueni, de Takamra, d'Akham Oudjahli et de Mechnoua à Adekar, du mont Gouraya à Béjaïa, de l'arch Aït Bimoune dans la commune de Boukhlifa, de Bounedjdhamène et de Berchiche à El-Kseur, de Bouadmi à Semaoune, d'Aït Driss à Taskriout, d'Aghbalou et d'Ibelhadjen à Toudja, de Taïma à Tichy, d'Aguemoun à Melbou, d'Aliwen à Aokas, de Tala Mahra à Tizi N'berber et d'Ighil Ali. Nos secours et les autres intervenants sont toujours mobilisés. À signaler que "deux hélicoptères bombardiers d'eau sont entrés en action, hier, soit le 2e jour, pour éteindre le feu de Gouraya avant d'être dirigés vers les massifs de Toudja pour combattre les flammes", indique-t-on dans le communiqué. "Le premier a été dépêché par notre tutelle, l'autre appartement à l'ANP", affirme la Protection civile. Selon un premier bilan, établi par les mêmes services, en attendant l'estimation des autres feux non encore éteints, quelque 500 hectares sont partis — territoire où le feu est entièrement éteint — en fumée en plus de centaines d'arbres fruitiers.