Le très influent homme d'affaires tunisien, président du parti politique Qalb Tounes et malheureux candidat à l'élection présidentielle de 2019 en Tunisie, Nabil Karoui, a été arrêté, hier, par les services de sécurité dans la wilaya de Tébessa. Poursuivi et jugé dans plusieurs affaires liées à l'évasion fiscale, à la corruption et au blanchiment d'argent avant d'être remis en liberté provisoire, le patron du groupe publicitaire Karoui and Karoui World et de la chaîne Nessma TV a disparu du paysage médiatique et politique tunisien depuis plusieurs jours, notamment après la décision annoncée, le 25 juillet dernier, par le président tunisien, Kaïs Saïed, du gel et de la levée de l'immunité parlementaire de députés. Il profitera de sa mise en liberté provisoire pour fuir la justice de son pays qui le recherchait activement depuis quelques jours. Selon plusieurs médias tunisiens, le mis en cause a été logé et nourri par "des complicités avérées à la frontière algéro-tunisienne avant d'être totalement pris en charge dans un appartement au quartier El-Arami situé dans la wilaya de Tébessa". Le fugitif Nabil Karoui s'est clandestinement introduit sur le sol algérien, probablement par le biais des réseaux de passeurs. En revanche, a annoncé la radio tunisienne Mosaïque FM, "Nabil Karoui a été arrêté en compagnie de son frère Ghazi dans la wilaya Tébessa (...) Les deux personnes sont entrées illégalement sur le territoire algérien". Une information peu relayée par les médias tunisiens et qui demeure capitale pour les services de sécurité algériens dans le cas où les deux frères seraient frappés d'interdiction de sortie du territoire national (ISTN) par la justice de leur pays. Il y a une semaine, le député de Qalb Tounes, Jaouher Mghirbi, avait considéré la disparition des radars du chef de file du parti comme étant une "situation anormale" et a qualifié les décisions du président tunisien (levée de l'immunité parlementaire, ndlr) d'"entorse à la Constitution. Une chose est sûre, Nabil Karoui sera présenté devant le juge d'instruction près le tribunal de Tébessa, notamment pour "séjour illégal" avant que d'autres procédures judiciaires soient enclenchées à son encontre. Pour rappel, Nabil Karoui, placé sous mandat de dépôt en décembre 2020, a été libéré le 16 juin dernier sur décision de la Cour de cassation de Tunis. Son arrestation en Algérie pourrait éclabousser plusieurs personnalités politiques et des opérateurs économiques, sachant que le mis en cause a été condamné par le tribunal de Tunis à une amende de 19,33 millions de dinars tunisiens, soit 5,8 millions d'euros, notamment dans des affaires liées à des infractions douanières. Reste à savoir si les autorités judiciaires tunisiennes lanceront à son encontre une demande d'extradition.