Même si les pertes américaines en Irak sont loin d'égaler celles des guerres de Corée et du Viêt-nam, il n'en demeure pas moins que le nombre de victimes au sein de l'armada US affecte sérieusement le moral des troupes et donne un goût amer à la victoire que Bush ne cesse de proclamer. Pour rappel, les Etats-Unis avaient perdu 44 000 soldats, dont 8 000 disparus, lors de la guerre de Corée entre le 25 juin 1950 et le 27 juillet 1953, et avaient enregistré 58 000 militaires tués auxquels s'ajoutent 1 800 disparus au cours de la guerre du Viêt-nam entre 1963 et 1973. Certes, ces chiffres horrifiants n'ont rien à voir avec ceux d'Irak, mais lors du déclenchement de l'offensive militaire contre l'Irak, les Américains ne s'attendaient pas à autant de pertes, tant le patron de la maison-Blanche donnait l'impression qu'il s'engageait dans une expédition à moindres risques. Aujourd'hui, les faits sont là, têtus. George Bush est au plus bas de sa popularité depuis son arrivée au pouvoir après sa victoire sur le démocrate al Gore en novembre 2000. Plus de la moitié (53%) des Américains estiment que la guerre en Irak était une erreur, selon un sondage de l'institut Harris Interactive, publié mardi dernier par le Wall Street Journal. Selon le même sondage, 66% des Américains pensent que George W. Bush a accompli un travail “médiocre” ou “passable” en Irak contre 32% qui estiment que le président a fait un travail “excellent” ou “plutôt bon”. Les discours triomphalistes de Bush sur les avancées enregistrées en Irak laissent désormais ses concitoyens de marbre. L'adoption par les Irakiens de leur nouvelle constitution, que le locataire du bureau ovale salue comme un autre succès éclatant de sa politique extérieure, n'a point emballé les Américains, plutôt attristés par le chiffre de 2 000 soldats US tués et 15 200 autres blessés dans cette guerre. Les familles des militaires morts au combat, auxquelles George Bush a demandé davantage de sacrifices lors de son dernier discours saluant la victoire du “oui” des Irakiens au projet de constitution, ne l'entendent pas de cette oreille et réclament le retour au bercail des troupes. En réaction à ce discours, le sénateur démocrate Edward Kennedy a rétorqué : “Il faut à nos soldats en Irak plus qu'un joyeux discours présidentiel sur les progrès accomplis (...), il leur faut un plan efficace pour mettre fin à la violence et stabiliser l'Irak, pour qu'ils puissent rentrer chez eux dans la dignité et avec les honneurs.” K. A.