Devant la recrudescence des attaques contre les forces américaines présentes en Irak, le département de Donald Rumsfeld décide de maintenir l'ensemble de son effectif militaire sur les lieux, jusqu'à une date indéterminée. C'est dire que l'été s'annonce chaud pour les troupes US, comme le prévoit le patron du Pentagone. Tommy Francks, l'ex-commandant général des forces coalisées qui ont attaqué l'Irak, a apparemment mis en alerte, par ses propos tenus devant le Congrès, les stratèges militaires de Washington. Première conséquence, aucun soldat américain ne quittera l'Irak selon l'échéancier de retrait des forces établi auparavant. En effet, les 9000 soldats de la troisième division, qui devaient regagner les Etats-Unis dans les prochains jours, prolongeront leur séjour jusqu'à ce que les conditions de sécurité s'améliorent. Cette annonce a eu un effet négatif sur le moral des troupes, qui s'attendaient à quitter l'Irak, où il ne fait plus bon vivre pour eux. Il faut dire que les Etats-Unis ne peuvent plus se voiler la face devant le nombre élevé d'attaques dont font l'objet leurs forces sur le territoire irakien. La situation s'est détériorée depuis la décision prise par l'administrateur général de l'Irak, Paul Bremer, de dissoudre l'armée irakienne et tous ses services paramilitaires. Ainsi, les familles de plus de 400 000 militaires se sont retrouvées privées de revenus, bien qu'une partie des soldes ont été versées à la suite de nombreuses manifestations. C'est un mécontentement généralisé qui est constaté dans la quasi-totalité des villes irakiennes, où la population éprouve des difficultés à subvenir à ses besoins. Ceci alimente inévitablement le sentiment d'hostilité, déjà présent chez l'Irakien, qui n'a pas admis que les forces coalisées ne quittent pas son pays après la chute du régime de Saddam Hussein. Il n'a pas fallu longtemps pour que les premières attaques antiaméricaines soient lancées. Depuis quelques jours, ces attaques sont devenues quotidiennes et leur nombre atteint parfois vingt-cinq par jour, selon le général Tommy Franks qui a dirigé la guerre contre l'Irak. C'est une source, on ne peut plus fiable ! Et cela se vérifie d'ailleurs sur le terrain avec les 80 soldats américains tués depuis la fin de la guerre proclamée le 1er mai dernier par George Bush, malgré la précision que seulement 32 sont morts au combat alors que les 48 autres sont décédés à la suite d'accidents ou de “tirs amis”. Outre le maintien de toute l'armada sur place, Washington demande du renfort à ses alliés pour faire face à la situation. Si certains pays ont répondu favorablement aux doléances US, à l'image de l'Italie ou l'Espagne, il n'en est pas de même pour d'autres. Ainsi, la France et l'Allemagne ont conditionné l'envoi de leurs troupes par le placement de l'opération sous l'égide des Nations unies, chose que l'Administration Bush refuse pour l'instant. Sur un autre plan, la polémique fait rage au Congrès après la montée au créneau des sénateurs démocrates. Le chef de file de ces derniers accuse le locataire de la Maison-Blanche d'avoir exagéré les indices recueillis par les services de renseignement pour justifier l'attaque contre l'Irak. Pour M. Carl Levin, vice-président de la sous-commission permanente d'enquêtes du Sénat, ce qu'a fait George Bush “n'était pas une inadvertance. C'était calculé”. Ted Kennedy, le sénateur du Massachusetts trouve que “la grande tragédie serait que les militaires américains risquent et perdent leur vie sur la base de faux renseignements”. Le président américain est en train de recevoir sur la figure, tel un boomerang, les effets “secondaires”, de la guerre en Irak, après avoir crié victoire trop tôt. K. A.