Les points de vente de manuels scolaires ouverts cette année par les Centres de distribution des documents pédagogiques (CDDP), à travers toutes les wilayas, enregistrent une affluence considérable des parents d'élèves. Les salons et points de vente ouverts exclusivement cette année pour faire face au refus des chefs d'établissement de procéder à la vente du manuel, sous prétexte que cela ne fait pas partie de leurs prérogatives, ont connu une affluence record au point que presque une semaine après la rentrée des élèves, le manuel n'est pas parvenu à tous les élèves. Pour les familles nécessiteuses, c'est une autre option. Elles se rabattent sur le livre d'occasion vendu dans les marchés ou sur les trottoirs. "Cela fait plusieurs semaines que j'ai acheté les manuels de mes enfants. Le lot de 5e année primaire, sans les cahiers d'activités (cahiers consommables, ndlr) qui valent 690 DA, m'a coûté 1 000 DA au lieu de 2 110 DA. Celui de ma fille en 1re année moyenne m'a coûté 1 500 DA au lieu de 3 000 DA. Du coup, j'ai pu bénéficier de pas moins de 2 600 DA", nous dira Abdelatif, employé dans une administration publique et dont le salaire ne dépasse pas les 30 000 DA. Et de renchérir : "Cette année, c'est pire que les années précédentes. Les prix des fournitures scolaires et des blouses ont flambé. J'ai deux enfants scolarisés et je dois acheter leurs fournitures scolaires, les manuels et les blouses. Je dois fournir de gros efforts pour pouvoir satisfaire cette demande." De leur côté, d'autres parents voient qu'il est temps de réorganiser la distribution du manuel scolaire qui coûte cher à l'Etat. "Le mouvement associatif doit, dans le cadre des opérations de bienfaisance, procéder à la collecte des manuels scolaires, les trier et les remettre en bon état pour pouvoir les distribuer aux familles nécessiteuses et aux ménages qui ne bénéficient pas de la gratuité du manuel scolaire et de la prime spéciale du président de la République dont le montant est de 5 000 DA", nous dira Lakhdar, un enseignant au moyen. D'autres enseignants ont proposé d'organiser des espaces d'échange de manuels entre les élèves en présence des parents. "L'avènement des réseaux sociaux ne peut qu'encourager l'échange des manuels scolaires entre élèves et familles. En effet, la crise économique qui, à l'instar d'autres pays, secoue le nôtre, nous impose de revoir notre façon de consommer, et le livre scolaire est l'un des produits coûteux. Ainsi, on pourrait créer des pages sur les réseaux sociaux où l'on permettrait à tous ceux qui ont des livres scolaires de passer des annonces en précisant échange, vente, achat ou même don de livres", propose Samir, un fonctionnaire. Il est bon de rappeler que des milliers de familles nécessiteuses bénéficient chaque année de la gratuité des manuels scolaires et de la prime spéciale de 5 000 DA du président de la République.