Le gouvernement français conditionne le retour à la normale pour l'octroi des visas par l'acceptation d'Alger de reprendre ses ressortissants passibles d'expulsion. Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, est revenu, jeudi, sur les mesures de réduction drastique des octrois de visas aux ressortissants algériens, marocains et tunisiens : moins de 50% pour l'Algérie et le Maroc, et moins de 30% pour la Tunisie. En réponse à une question d'un député, lors d'une séance parlementaire, Gérald Darmanin a affirmé que "cette décision est progressive et, bien sûr, réversible". Comprendre : la France est prête à revenir à une relation "normale", à condition que les trois pays concernés par cette mesure acceptent de reprendre leurs ressortissants, passibles d'expulsion de France. "Le jour où la Tunisie, le Maroc et l'Algérie reviendront à des relations normales de laissez-passer consulaires, nous reviendrons, évidemment, à une relation, si j'ose dire, normale avec ces trois pays du Maghreb pour lesquels nous éprouvons de l'amitié et avec lesquels nous souhaitons construire l'avenir ensemble", a expliqué encore Gérald Darmanin, lors de son intervention. Le ministre de l'Intérieur français a précisé, par ailleurs, que cette décision a été prise par le président de la République Emmanuel Macron depuis plusieurs mois. "Le président de la République a décidé depuis plusieurs mois de donner instruction de réduire de façon significative le nombre de visas accordés aux ressortissants d'Algérie, du Maroc de 50% (un visa sur deux) et de 30% pour ce qui est de la Tunisie", a-t-il dit. Mardi dernier, le gouvernement français est donc passé à l'acte, provoquant le courroux d'Alger qui a qualifié cette décision d'"unilatérale" et de "malencontreuse". Mercredi, le ministère des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur français en Algérie, afin de lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien contre cette mesure qui, selon un communiqué des AE, "frappe de précarité et d'incertitude un domaine sensible de coopération postulant la confiance, ainsi que le respect de la dignité des personnes humaines et des engagements pris par les deux gouvernements", a indiqué le communiqué des AE, précisant que "cette décision, qui est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne, comporte l'anomalie rédhibitoire d'avoir fait l'objet d'un tapage médiatique générateur de confusion et d'ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d'application".