Vingt-quatre heures après la décision de Paris de réduire de moitié le nombre de visas octroyés aux Algériens, Alger exprime officiellement son mécontentement. Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères a reçu hier l'ambassadeur de France, "afin de lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français". Vingt-quatre heures après l'annonce mardi par le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, de la décision prise par les autorités françaises de réduire de moitié le nombre de visas octroyés aux Algériens, Alger a convoqué hier, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, l'ambassadeur de France. Visiblement courroucé par la mesure prise par le gouvernement français et le buzz qu'elle a soulevé, notamment sur les réseaux sociaux, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Rachid Chakib Kaïd, a donc reçu, en l'absence de Ramtane Lamamra, l'ambassadeur de France, "afin de lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français". "Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a convoqué, aujourd'hui, l'ambassadeur de France en Algérie pour lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algérien à destination de la France", indique le communiqué du MAE. L'annonce de la décision du gouvernement français de restreindre la délivrance des visas (-50% pour les Algériens et les Marocains et -30% pour les Tunisiens) avait été faite lors d'une intervention de son porte-parole, Gabriel Attal, sur la chaîne de radio Europe1. Le responsable français avait justifié la mesure par le refus des trois pays du Maghreb, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, de réadmettre leurs ressortissants en situation irrégulière dans l'Hexagone et en attente d'expulsion. M. Attal avait évoqué, à ce propos, le "refus" des trois pays de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France. Dans le communiqué rendu public hier, Alger ne met pas de gants et estime que cette décision affecte "la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France". L'Algérie déplore, ainsi, un acte "malencontreux qui frappe de précarité et d'incertitude un domaine sensible de coopération postulant la confiance, ainsi que le respect de la dignité des personnes humaines et des engagements pris par les deux gouvernements". Mais au-delà de la mesure elle-même de baisser drastiquement le nombre de visas délivrés par la France, ce qui semble avoir irrité la partie algérienne, c'est la médiatisation qui en a été faite. "Cette décision qui est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne comporte l'anomalie rédhibitoire d'avoir fait l'objet d'un tapage médiatique générateur de confusion et d'ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d'application", relève le ministère des Affaires étrangères. Lors de cette audience, le SG a, selon le communiqué du MAE, "mis en évidence la place centrale de l'élément humain dans la relation algéro-française". Il a, ainsi insisté, selon toujours la même source, sur "la nécessité d'une gestion équilibrée, transparente et conforme aux instruments juridiques bilatéraux et universels du phénomène des mobilités des personnes".