Menacé de dissolution à la suite d'une procédure judiciaire engagée par le ministère de l'Intérieur devant le tribunal administratif de Bir Mourad-Raïs, à Alger, le Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), qui compte parmi les plus importantes organisations de la société civile algérienne, bénéficie, à la veille de l'annonce de la décision de justice, prévue pour demain, mercredi 13 octobre, d'un vaste élan de solidarité national et international. En effet, au plan international, ce sont au moins cinq organisations non gouvernementales de défense des droits humains qui ont exprimé leur soutien à cette association connue pour sa forte implication dans le mouvement populaire et son travail titanesque de sensibilisation de la jeunesse depuis des décennies. Il s'agit essentiellement de Human Rights Watch, Amnesty International, l'Institut du Caire pour les études des droits de l'Homme, la Fédération internationale pour les droits humains et Mena Rights Group. Selon la directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty international, Amna Guellali, dont les propos ont été rapportés hier par la presse, "la requête des autorités algériennes pour dissoudre le RAJ est un indicateur alarmant de leur détermination à réprimer davantage l'activisme indépendant et à supprimer les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique". "Chercher à interdire l'une des principales organisations de la société civile sur la base de motifs fallacieux est une nouvelle tentative d'écraser le Hirak", a considéré, pour sa part, le directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, Eric Goldstein, alors que Nadège Lahmar, de l'Institut du Caire pour les études des droits de l'Homme, voit dans l'éventuelle dissolution du RAJ "un nouveau recul pour la liberté d'association en Algérie". À 48 heures de l'annonce, par le tribunal de Bir Mourad-Raïs, de sa décision dans cette affaire déjà examinée le 29 septembre, le RAJ, qui est poursuivi pour violation des objectifs énoncés dans ses propres statuts, n'a, également, pas laissé insensibles les associations de défense des droits de l'Homme et les militants politiques à l'intérieur du pays . À ce titre, une pétition de soutien au RAJ a été signée par au moins six organisations et collectifs dont la Laddh, Ibtycar, Riposte internationale et le Collectif des familles de disparus, ainsi que par près de 150 militants politiques. "Depuis des décennies, le RAJ représente une jeunesse algérienne motivée, responsable et agissant pacifiquement, et dans le respect des lois, pour la citoyenneté et le changement démocratique en Algérie. De très nombreux jeunes Algériens talentueux ont pu trouver, pendant toutes ces années, dans le RAJ, un espace d'expression et d'action là où tout semblait fermé", est-il souligné dans ladite pétition, dans laquelle les signataires déplorent vivement le fait que la répression, qui s'abat depuis des mois sur les Algériennes et les Algériens dont le seul tort est de revendiquer pacifiquement un Etat de droit, démocratique, atteint aujourd'hui cette association emblématique de la société civile algérienne. "Le RAJ a été et reste l'un des lieux les plus importants en Algérie où, pour les jeunes, s'élabore une autre voie que l'évasion (harga), la violence ou la résignation", est-il également souligné dans cette pétition dont les signataires considèrent que "les attaques irresponsables et infondées que subit cette association visent à fermer cette voie pour ne laisser que ces funestes alternatives". Reste à savoir ce que décidera, demain, le tribunal de Bir Mourad-Raïs. Il faut rappeler que lorsque l'insurrection citoyenne de Février 2019 a éclaté, l'organisation s'est naturellement retrouvée au cœur du mouvement, assumant un rôle d'animateur. C'est fort probablement cette implication active dans le Hirak qui lui a valu des poursuites judiciaires. Il faut rappeler que le collectif du RAJ a été littéralement décimé dès septembre 2019. Son président Abdelwahab Fersaoui, son ex-président Hakim Addad et plusieurs responsables nationaux de l'organisation avaient été envoyés en prison.