Le non-affichage des prix par les grossistes et la non-facturation dans la majorité des marchés laissent le champ libre à la spéculation. La pénurie de la pomme de terre enregistrée ces derniers jours sur le marché s'explique, selon le directeur général de l'Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (Onilev), Abdelaziz Ouchmene, par des facteurs techniques et pratiques. "Car la culture de ce tubercule connaît annuellement deux périodes dites d'intersaisons, où la production est faible ou nulle, à cause de la fin de la campagne de récolte. Ces périodes s'étalent de la fin mars à la fin avril et de la fin octobre à la fin novembre", argue-t-il. Pour combler ce vide saisonnier, l'Onilev a pour rôle d'assurer la régulation de l'opération d'approvisionnement à travers le déstockage de la pomme de terre. L'Office est également tenu de garantir un équilibre entre la production et le stockage de la pomme de terre, au même titre que d'autres produits de consommation, dans des chambres froides appartenant à des opérateurs privés. Ces derniers sont soumis à un contrôle strict et rigoureux, selon un cahier des charges conforme aux normes de qualité fixées pour les produits agricoles. La production de la pomme de terre, faut-il le préciser, a décuplé au cours de la dernière décennie en Algérie. La surface agricole dédiée à la culture de la pomme de terre a avoisiné les 180 000 hectares (ha) au niveau national. Cette surface a permis d'atteindre une production record de 5 millions de tonnes. Oued Souf arrive en tête des wilayas qui excellent dans la production de ce tubercule, avec pas moins de 1,2 million de tonnes/an récoltées sur une aire de 37 000 ha. La demande nationale est assurée à 100% par la production nationale qui avait atteint 4,7 millions de tonnes en 2017, contre 2,6 millions de tonnes en 2009, avec un rendement de près de 310 quintaux à l'hectare. Il faut noter que l'Algérie est classée parmi les plus gros consommateurs de pommes de terre dans le monde. La quantité consommée par l'Algérien est de 111kg/an, soit trois fois la moyenne mondiale estimée à 31 kg. C'est dire la forte demande exprimée pour ce produit par les consommateurs, engendrant ainsi une baisse considérable de l'offre sur le marché qui fait augmenter les prix. Les tarifs pratiqués pour ce tubercule restent élevés dans certaines régions à cause de leur éloignement géographique des wilayas productives, arguent d'autres observateurs. Pour certains marchands, la hausse est due au fait que les pouvoirs publics ne prévoient pas une aide pour le transport et la commercialisation, ainsi que des dispositions pour réduire les charges. D'autres déplorent le non-affichage des prix par les grossistes et la non-facturation dans la majorité des marchés, laissant ainsi le champ libre à la spéculation exercée par ces commerçants et les intermédiaires. Afin de garantir une meilleure offre, atténuer, un tant soit peu, la spéculation et, par ricochet, faire baisser les prix, l'Onilev décide de mettre sur le marché plus de 10 000 tonnes de pommes de terre durant les dix prochains jours. Cette action s'inscrit dans le cadre d'une importante opération d'approvisionnement des marchés nationaux avec des quantités considérables, lancée jeudi dernier par l'Onilev, et qui se poursuivra tous les dix jours, jusqu'à la fin du mois de novembre prochain. "Cette opération est d'une grande importance, car elle permettra l'approvisionnement des marchés de proximité et de gros à partir de 12 wilayas", a indiqué jeudi dernier, à l'APS, le DG de l'Onilev, lors du coup d'envoi de la première opération de déstockage de la pomme de terre dans la commune de Meftah, dans la wilaya de Blida. L'objectif recherché est une meilleure disponibilité du produit et à des prix abordables. Il s'agit du tubercule stocké dans les wilayas de Tlemcen, de Mascara, de Relizane et d'Aïn Defla, à l'Ouest, et de Blida, de Tipasa, de Boumerdès, d'Alger, de Médéa et de Bouira pour le Centre, ainsi que les autres wilayas disposant de stocks. La poursuite de l'opération se fera suivant les besoins du marché, ainsi que du rythme et du volume de la production, explique le DG de l'Onilev. L'Onilev, faut-il le souligner, a déjà procédé au déstockage de 50 000 tonnes du tubercule durant la première période de pénurie, du 15 mars au 15 avril.