L'Algérie ambitionne d'atteindre une production céréalière de l'ordre de "74 millions de quintaux". La filière n'a cependant enregistré que "52,3 millions de quintaux, en moyenne, au cours des trois dernières saisons", selon le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelhamid Hamdani, qui intervenait, avant-hier, lors d'une session plénière du Conseil de la nation consacrée aux questions orales. Ces chiffres restent largement en deçà de ce qui est nécessaire pour atteindre l'autosuffisance alimentaire, en augmentant au maximum la production céréalière. Ainsi, entre l'objectif visé et les réalités observées, il existe un profond gap. Le ministre se montre, toutefois, optimiste en mettant en exergue le fait que la moyenne des superficies cultivées a grimpé à "3,5 millions d'hectares", ce qui a permis "d'obtenir des résultats positifs par rapport aux précédentes saisons". M. Hamdani a, par ailleurs, fait savoir que la feuille de route élaborée par le secteur dont il a la charge prévoit d'accroître, sur la période 2020-2024, la productivité dans la filière céréalière, en renforçant les systèmes d'irrigation complémentaire, et en mettant en place des mesures de facilitation au profit des agriculteurs notamment pour les crédits saisonniers. Il a, en outre, expliqué qu'à travers cette feuille de route, il est attendu une "amélioration des capacités de collecte et de stockage" de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Ainsi, il reste encore beaucoup à faire pour permettre un développement optimal de cette filière. Les professionnels du secteur sont appelés à améliorer le rendement à l'hectare afin d'assurer, de manière continue et efficace, l'approvisionnement des minoteries nationales. Cela doit se faire dans le cadre d'une stratégie de développement de la productivité et de la compétitivité pour lesquelles, l'innovation et la recherche agronomique sont une condition nécessaire, mais non suffisante. Dans son programme d'action, le gouvernement a fait de la production céréalière l'une de ses priorités. Dans l'une de ses déclarations, le chef de l'Etat a appelé à l'utilisation des méthodes scientifiques en associant des "comités composés d'ingénieurs agronomes, en vue d'étudier la nature des terres agricoles et de dégager un plan stratégique d'organisation des spécialités de production". Il a conseillé de "s'orienter davantage vers la spécialisation de la production du blé dur", sachant qu'il est "le plus coté sur le marché international". "La nature même des terres agricoles en Algérie est plus favorable au blé dur qu'au blé tendre", avait-il souligné. Tant que l'objectif d'autosuffisance restera hors de portée pour le pays, celui-ci devra encore importer du blé, dont la consommation ne fait qu'augmenter. World Grain, le Département américain de l'agriculture (USDA), prévoit que la consommation de blé de l'Algérie sera entre 10,7 et 11 millions de tonnes durant la saison 2020-2021, alors que la production locale de blé diminuera de 5,1% à 3,75 millions de tonnes au cours de la même période. D'après les prévisions de l'USDA, l'Algérie, qui n'est en mesure de satisfaire qu'entre 34% et 36% de ses besoins en blé, devrait en importer entre 5 et 8 millions de tonnes en 2020-2021. Selon les statistiques de Trade Data Monitor (TDM) relayées par le Département américain de l'agriculture, les pays de la zone euro lui ont fourni environ 5,94 millions de tonnes de blé en 2020-2021, soit 78% du total de ses achats (7,54 millions de tonnes).