À 53 ans, cet orthopédiste enseignant d'anatomie et d'orthopédie à l'hôpital Bichat (Paris) est spécialisé, depuis 25 ans, en chirurgie de la main et plus particulièrement la chirurgie des paralysies et la chirurgie nerveuse périphérique. Entretien. Liberté : Comment êtes-vous venu à cette spécialité : par choix ou fortuitement ? pr Christophe Oberlin: C'est un choix d'abord. Quand j'étais interne j'ai ouvert l'encyclopédie médico-chirurgicale, je suis tombé sur un article de Paul Lecœur, un chirurgien génial qui a traité beaucoup d'enfants poliomyélitiques. Cette maladie a disparu avec la vaccination mais les principes de traitement palliatifs de la chirurgie des paralysies sont restés. Ces palliatifs consistent à changer les tendons de certains muscles et bloquer certaines articulations pour pallier les paralysies. Le deuxième aspect de cette spécialité est de réparer les nerfs en urgence. On suppose que ce genre d'intervention nécessite beaucoup de temps Ce sont des opérations longues, certes, mais nous travaillons assis et où l'usage du microscope est primordial à cause des dissections. La reconstruction demande 1/4 ou 1/5 du temps de l'intervention. La méthode est-elle pratiquée sur les adultes ? Oui. Pour preuve nous nous trouvons en face de blessés par arme à feu où il y a sectionnement de nerfs. Nous nous intéressons donc à toutes les lésions traumatiques qu'elles soient chez l'adulte ou l'enfant. Peut-on avoir une idée sur le nombre de spécialistes que vous comptez dans le monde ? Nous sommes environ 150 spécialistes réunis dans un club mondial. Des réunions sont régulièrement programmées. Ce club fondé par un chirurgien suisse décédé aujourd'hui, du nom de Narakas, active énormément. Personnellement, j'opère en France, en Amérique latine, en Afrique (Algérie, Maroc, Cameroun, etc.) et au Moyen-Orient (Palestine). Pourquoi la Palestine ? je compte beaucoup d'amis palestiniens, mais c'est surtout parce qu'il y a beaucoup de cas de sectionnement des nerfs des membres supérieurs par arme à feu. Chez les enfants qu'elle en est la cause ? La paralysie du plexus brachial chez le jeune enfant est la cause d'une forte traction réalisée au moment de la délivrance qui provoque l'arrachement des nerfs. Un mot sur la formation. Nous envisageons de mettre en réalisation un ambitieux programme de formation avec l'Algérie. L'étude est en cours. Nous pensons la soumettre à qui de droit pour son éventuelle concrétisation dans des conditions réglementaires. A. F.