Alors qu'elle entame sa deuxième semaine, la campagne électorale dans la wilaya de Tiaret enregistre une désaffection populaire inégalée. Le climat est d'autant incommodant pour les postulants regroupés autour de 191 listes, dont la plupart parrainées par 14 formations politiques et d'autres par des candidats indépendants pour les APC, ainsi que ceux des neuf listes pour l'APW. Hormis ceux se présentant sous le parrainage de partis politiques, notamment ceux décrits comme de "gros calibre" dans la région, à l'instar du RND, du FLN, du HMS ou du Mouvement El-Moustakbel, la plupart des candidats, inconnus sur la scène politique, préfèrent des tournées de proximité pour se livrer à un discours monocorde dans l'espoir de mobiliser les électeurs et les proches. Au passage, soulignons que la validation des listes a engendré de nombreux mécontents, notamment parmi les 280 dont les dossiers ont été rejetés. Ces derniers ont pointé un doigt accusateur à l'endroit du président du bureau local de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Selon certains postulants touchés par cette mesure, cette instance est loin d'être "équitable et impartiale" dans le traitement des dossiers dont certains ont été "arbitrairement exclus", alors que "d'autres, éclaboussés par des poursuites judiciaires, ont été acceptés". "J'ai assuré un mandat à la tête de l'APC et je n'ai jamais eu de reproches de quelque nature que ce soit. Au contraire, j'ai même été félicité par les responsables de l'époque. Aujourd'hui, on m'a monté un scénario qui ne tient pas la route pour rejeter mon dossier et, pis encore, en ma qualité de représentant d'un parti politique dans la commune, j'ai soumis une liste de jeunes cadres pour l'élection communale dont la plupart des noms ont été rejetés pour motif de corruption alors que ces derniers n'ont jamais occupé un poste quelconque", s'est lamenté un cadre de l'Etat, représentant d'un parti politique. Ce dernier a révélé que des élus ont eu de sérieux démêlés avec la justice, mais ont vu leurs dossiers acceptés. Les victimes pointent du doigt le phénomène de la "chkara". Un phénomène, somme toute, pas nouveau à Tiaret. La campagne, elle, ne semble pas emballer beaucoup de monde. Même les espaces réservés au placardage des affiches des candidats demeurent toujours vierges à plusieurs endroits. "Jamais depuis l'indépendance, une échéance électorale n'est apparue aussi monotone", affirme un homme d'un âge certain. Ce dernier, qui estime n'avoir jamais raté un rendez-vous pour exprimer son suffrage, considère que la confiance des électeurs s'est effritée à la suite de la précarité de leur environnement socioéconomique. "À chaque élection, les candidats n'ont de cesse de nous aveugler avec des promesses doucereuses au moment où, en plus de la crise du chômage qui nous ronge, nos cités sont de plus en plus crasseuses, les routes et ruelles dans un état navrant et l'éclairage public défaillant à longueur d'année pendant qu'eux et leurs proches s'enrichissent davantage", martèle un jeune universitaire qui avoue ne même pas savoir où est sa carte de vote. "Ceux que nous avons toujours élus se sont carrément éclipsés durant un quinquennat pour ne réapparaître qu'à la veille de la campagne pour nous raconter les mêmes bobards", enchaînera un autre interlocuteur que nous avons abordé.