Aussi bien chez les postulants que chez leur tutelle politique, on évite soigneusement de parler des parrainages privés. Les acteurs politiques de la région de Béjaïa sont depuis quelques mois préoccupés par la préparation des élections législatives du 04 mai. Un scrutin, qui se singularise de tous ses précédents par une participation record, qui laisse place à tous les pronostics possibles. A la confection des listes électorales, qui bat son plein au sein de tous les états-majors des partis et qui reste l'une des étapes les plus importantes dans cette préparation, succèdera l'élaboration des programmes électoraux et l'examen des moyens de financement de la campagne électorale, dont la prise en charge est différemment perçue par les partis politiques. Entre ceux qui assurent pouvoir compter sur leurs propres moyens financiers et ceux qui sont favorables à une aide substantielle de l'Etat, plusieurs idées ont été exprimées en perspective de cette échéance électorale. C'est le cas de la liste citoyen libre. Son porte-parole, Hamid Ferhat, indiquait hier que «nous comptons financer notre campagne par nos propres moyens. Tous les candidats figurant sur notre liste apporteront leurs contributions. On compte également sur nos soutiens, notamment au sein de la population, ceux qui croient en nos capacités à défendre leurs droits et à prendre en charge leur préoccupations». Les trois types de ressources qui proviennent respectivement de la contribution des partis politiques, de l'aide éventuelle de l'Etat et des revenus du candidat sont les plus avancés officiellement. Chez le FFS, le RCD, le MPA et le FLN on parle des aides étatiques et des contributions de militants. Aussi bien chez les postulants que chez leur tutelle politique, on évite soigneusement de parler des parrainages privés bien qu'ils soient le recours en vogue ces dernières années. Du financement occulte, on n'en parle pas chez les partis politiques qui donnent l'impression de se contenter des aides étatiques et des contributions de leurs militants. D'ailleurs, ils réclament la nécessité de revoir à la hausse l'aide de l'Etat en vue de leur permettre de présenter leurs programmes aux citoyens dans toutes les circonscriptions électorales. Chez le citoyen lambda, le financement de la campagne électorale est claire. Il ne peut être que celui des gros sous. Les patrons, ceux qui détiennent des affaires, misent sur des candidats en mesure de leur assurer des missions une fois élus. Les citoyens s'appuient sur des expériences récentes pour affirmer haut et fort que la course pour figurer dans les meilleures places n'a pas seulement pour intérêt de défendre la cause citoyenne, mais également et surtout pour avoir «des bras longs». Une quête, qui permet alors tout, y compris des financements occultes. L'argent on s'en fout d'où il vient, on sait juste qu'il permet d'acheter tout. Non seulement il permet d'acheter des parrainages pour le cas des listes indépendantes, mais également des voix le jour «J». Arezki, un électeur parle d'un «mariage» implicite en le monde des affaires et celui des politiques. «Il y a toujours des affairistes qui misent sur des têtes de listes», dit-il en ironisant que «c'est comme au loto ou aux courses, tu mises et tu attends la cagnotte»... Malek, un autre sexagénaire, se fait plus précis en parlant de la «mafia politico-financière», qui ne manquera pas de s'inviter comme lors des scrutins précédents. «Là où on va, l'ombre de la mafia politico-financière est présente car c'est l'âme du système», soutient-il. Saïd est plus clair: «'La chkara ', les affaires et la politique se sont associées et c'est pour cette raison que le citoyen se démobilise de plus en plus.»