Chefs d'entreprise et experts ont été unanimes, hier, lors de la rencontre organisée par la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) à Alger, à appeler à des réformes structurelles. La restauration de la confiance demeure, pour eux, une condition sine qua non pour garantir un développement économique et social durable. Il ne peut y avoir une diversification de l'économie et des exportations dans le cadre de la structure et de la compétitivité actuelles de l'économie nationale. C'est du moins la conviction exprimée, hier, par des chefs d'entreprise, lors de la rencontre intitulée "La relance, c'est maintenant", organisée par la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) organisée à l'hôtel El-Aurassi. La transformation économique souhaitée, souligne-t-on, "exige un environnement concurrentiel sain, une administration économique efficace, une allocation des ressources publiques transparentes et efficientes". La CAPC plaide pour la construction "de consensus forts sur les grandes questions de développement économique et social". L'organisation patronale évoque, notamment, le numérique, l'économie informelle, la compétitivité, l'entrepreneuriat de demain et les leviers de la croissance. Le président de la CAPC, Sami Agli, a insisté sur l'importance de remettre la question économique au centre de tous les débats. "On ne peut prétendre à un avenir prospère si nous n'avons pas une base solide qu'est l'entreprise, principal vecteur de création de richesse et d'emploi", estime Sami Agli. Selon le professeur Youcef Benabdellah, consultant, la structure sectorielle de l'économie algérienne plombe la croissance et les exportations, soulignant la nécessité de prendre "rapidement des décisions énergiques" pour transformer en profondeur l'économie. "Le problème est structurel et il ne peut trouver de solution que dans les réformes structurelles de transformation", a renchéri le professeur Mohamed-Cherif Belmihoub, évoquant le classement "peu enviable" de l'Algérie en matière de compétitivité. La CAPC estime que "la compétitivité sur les marchés extérieurs doit constituer une politique industrielle, au sens large, incluant les services, la logistique et s'appuyer sur la recherche développement et tirer profit des avantages des facteurs naturels". Pour l'organisation patronale, le numérique sera le principal moteur de la croissance dans les années à venir, mais aussi un facteur de transformation des autres secteurs. Malheureusement, dans ce domaine l'Algérie accuse un grand retard. Chiffres à l'appui, Souheil Guessoum, CEO d'Alpha Computer et président du syndicat national du patronat citoyen du numérique, indique que les services technologies de l'information et de la communication (TIC) ne représentent que 3% à 4% du produit intérieur brut (PIB) en Algérie, alors qu'elles constituent 6 à 7% du PIB au Maroc et 7,5% du PIB en Tunisie. La moyenne mondiale est de 15,5%. Souheil Guessoum pointe, notamment, la faiblesse de l'interconnexion et la surtaxation des produits informatiques. "Est-il normal que les pays voisins paient 2,5% sur l'ordinateur alors que nous nous payons 30%, plus 30% de taxe intérieure consommation (TIC), plus de 19% de taxe sur la valeur ajoutée ? Comment acheter un ordinateur ou un serveur dans ces conditions", s'interroge-t-il. Le président du Syndicat national du patronat citoyen du numérique évoque, également, "la forte régulation du secteur et l'omniprésence des blocages de l'Autorité de régulation de la poste et des communications électroniques (ARPCE)". Selon Souheil Guessoum, l'importation d'un simple pointeur laser, doté d'un Bluetooth nécessite l'autorisation de l'ARPCE, une autorisation qui peut prendre parfois un mois. "Ce n'est pas sérieux !" déplore le CEO d'Alpha Computer, pour qui sans numérique, "il n'y aura pas de développement". Pour la CAPC, il est urgent de mettre en place une politique publique pour le développement du secteur du numérique. Ce dernier va au-delà de l'opération de numérisation qui est décisive pour la transformation de l'économie et de l'administration et même de la société, mais elle est insuffisante pour impulser les véritables transformations. Les intervenants ont souligné la nécessité de lutter contre le secteur informel. L'ancien directeur général des impôts, Mustapha Zikara, actuellement, directeur général de l'Agence nationale de développement de l'investissement, a reconnu que la taxe sur l'activité professionnel (TAP), héritée de l'ère coloniale, est anti-économique.