Quarante buts lors de la seule saison 1971-72, 365 buts en championnat d'Allemagne, 78 buts sous le maillot de la Mannschaft, Gerd Muller, qui fêtera ce jeudi ses 60 ans, est l'homme des records du football allemand et continue à foncer droit au ... but en critiquant les attaquants modernes. Le “bombardier” n'envie pas “l'empereur” : aucune réception officielle, aucun gala pour fêter les 60 ans de Gerd Muller, surnommé encore aujourd'hui “Der Bomber”, deux mois après les fastes entourant le 60e anniversaire de son ancien coéquipier au Bayern Munich et en équipe d'Allemagne, Franz Beckenbauer. “Je n'envie pas Franz ; je me passe volontiers de publicité”, avoue le septuple meilleur buteur de Bundesliga qui se contentera d'un repas dans un restaurant italien entouré de 35 proches et amis. Pourtant, sans les buts et la combativité de celui qui était surnommé “le petit gros” en référence à son physique de fort des Halles, jambes courtes, musculature de culturiste, jamais le Bayern n'aurait dominé le football allemand à partir des années 1970. Franz Beckenbauer, devenu, après avoir mis un terme à sa carrière de joueur sélectionneur de l'Allemagne, président du Bayern et organisateur de la Coupe du monde 2006, le reconnaissant volontiers : “Le Bayern est aujourd'hui ce qu'il est grâce à Gerd Mùller et à ses buts.” Avec son club de toujours (de 1964 à 1979 avant trois saisons aux Etats-Unis, à Fort Lauderdale), “le bombardier” a remporté quatre titres de champion d'Allemagne (1969, 1972, 1973, 1974), quatre Coupes d'Allemagne (1966, 1967, 1969, 1971) et trois Coupes d'Europe des clubs champions (1974, 1975, 1976). Plus que ses titres avec le Bayern et l'Allemagne (Coupe du monde 1974, Euro-1972), c'est son sens du but qui définit encore aujourd'hui Muller. “J'étais juste plus rapide d'un dixième de seconde que tous les défenseurs”, explique-t-il simplement tandis que ses anciens coéquipiers et adversaires s'extasient encore sur “ces buts que seul Muller pouvait marquer”. Mais le buteur le plus prolifique de l'histoire du Bayern Munich, avec une moyenne époustouflante de 0,85 but par match en quinze saisons, n'est pas tendre avec les footballeurs modernes. “Aujourd'hui, je marquerai plus de 40 buts (en une saison), car la couverture de terrain et la défense à quatre laisse plus d'espace”, assure-t-il en laissant percer une pointe d'aigreur. “Si je jouais aujourd'hui, je gagnerai dix millions d'euros par an.” “Il n'y a plus autant de bons avants-centres comme avant”, poursuit Gerd Muller qui, après avoir sombré dans l'alcoolisme dans les années 1980, a refait surface grâce au Bayern Munich qui lui a confié des postes d'entraîneur de jeunes, puis des gardiens de but et, aujourd'hui, de son équipe-réserve. Seul parmi les attaquants allemands, Miroslav Klose, de Brême, trouve grâce à ses yeux : et malgré le meilleur buteur de la Bundesliga, Muller ne voit pas l'Allemagne remporter le Mondial-2006 à domicile : “Le sélectionneur Jurgen Klinsmann n'a pas à sa disposition assez de bons joueurs, tandis que nous, en 1974, à tous les postes, nous avions les meilleurs au monde”, assure “le bombardier” qui ne taquine plus le ballon rond et préfère jouer au tennis. Mais le sélectionneur ne lui en tient pas rigueur : “Beaucoup de joueurs viennent et disparaissent, mais il y en a peu qui comme toi ont laissé une telle trace”, écrit Klinsmann dans l'un des nombreux hommages au Monsieur Buts du football allemand.