Inquiètes par la recrudescence des cas de contamination, les autorités sanitaires se préparent activement et mobilisent tous les moyens. Les structures hospitalières, qui sont sur le pied de guerre, sont-elles en mesure de contenir cette nouvelle menace sanitaire ? Le spectre d'une 4e vague de la pandémie de Covid-19 continue de planer sur le pays et les spécialistes n'ont eu de cesse, ces dernières semaines, d'alerter sur l'imminence d'une nouvelle remontée des contaminations. Une situation qui a poussé les autorités, aussi bien au niveau national que local, à prendre les mesures qui s'imposent pour affronter une éventuelle explosion de la maladie, que beaucoup d'observateurs avertis, à l'image des membres du Comité scientifique, pensent inéluctable. Au niveau des wilayas, les autorités sanitaires sont en train de mettre les bouchées doubles en vue de mettre en place de nouveaux plans de lutte devant permettre de faire face à la 4e vague de la pandémie qui pointe déjà le bout de son nez. À Annaba, l'appréhension d'une 4e vague de Covid est profonde, notamment à la Direction de la santé où des dispositions sont prises pour tenter de faire face sans dommages à cette menace qui se précise de jour en jour, de l'avis du DSP, Abdennacer Damèche. "Nous appelons la population à la vigilance extrême, car la situation est vraiment préoccupante", alerte ce spécialiste. Le Dr Dameche révèle que de grands moyens humains et matériels, dont un parc de 300 lits médicalisés, ont été mobilisés dans tous les hôpitaux et des centres de référence pour parer à toute éventualité, en avouant que les mesures prises ne sauraient suffire, à elles seules, à éviter le pire. Ainsi, à Béjaïa, les membres du conseil scientifique du CHU Khellil-Amrane devaient se réunir, hier après-midi, afin de prendre toutes les mesures nécessaires pour affronter cette nouvelle vague épidémique. Afin d'éviter le retour au plan classique qui consiste en la transformation de certains services hospitaliers en unité Covid-19, la directrice générale du CHU de Béjaïa, Mme Ghania Gherbi, préconise l'ouverture d'une nouvelle structure dédiée exclusivement à cette épidémie, en dehors de son établissement. Selon Mme Gherbi, cette proposition, qui sera débattue au sein du conseil scientifique du CHU, devrait aussi être soumise aux membres de la commission de wilaya chargée du suivi de la pandémie de Covid-19 que préside le wali de Béjaïa. "Jusque-là, la situation est maîtrisée au niveau de notre établissement hospitalier, mais nous commençons vraiment à être débordés. Cela s'explique par l'augmentation progressive du nombre de patients admis ces derniers jours dans les services Covid-19. Aujourd'hui, nous avons 63 cas hospitalisés", nous a fait savoir Mme Gherbi.Dans la wilaya de Tizi Ouzou, la situation sanitaire due à la pandémie de Covid-19 n'est, certes, pas alarmante, mais les responsables du secteur de la santé sont unanimes à considérer que la vigilance doit être sérieusement de mise. L'inquiétude des responsables et médecins dans cette wilaya qui a payé un lourd tribut, durant la troisième vague, est d'autant plus justifiée que les contaminations sont déjà reparties à la hausse la semaine dernière. C'est ce qu'a affirmé, hier, le Dr Nadia Bekri, responsable de la vaccination à la DSP de la wilaya. "La situation reste stable pour le moment, elle ne suscite pas une grande inquiétude, mais nous avons observé que certains établissements hospitaliers de la région commençaient à renouer avec les hospitalisations Covid-19, alors que tout récemment, ils n'en enregistraient aucune", a alerté ce membre de la commission de suivi de la pandémie dans la région, précisant que c'est le cas, notamment, de l'EPH d'Aïn El-Hammam et de celui d'Azeffoun. Selon les chiffres rendus publics, hier, il y a 67 personnes prises en charge pour Covid-19 à travers les différents établissements de santé de la wilaya de Tizi Ouzou. À Jijel, une réunion élargie du comité de wilaya chargée de la coordination de l'activité sectorielle de prévention contre ce virus s'est tenue, à la fin de la semaine passée, sous la supervision du wali, Abdelkader Kelkel, pour faire le point de la situation épidémiologique. Si aucun bilan n'a filtré de cette réunion, annoncée par les services de la wilaya, le directeur de la santé et de la population, Nasreddine Chiba, est intervenu pour faire le point de cette situation. Au-delà de l'insistance du wali sur "le respect de ces mesures barrières et l'intensification de la sensibilisation à travers des interventions dans différents espaces, notamment la radio, les mosquées et le Net", selon les mêmes sources, c'est l'appréhension d'une nouvelle flambée à l'échelle locale de cette pandémie qui préoccupe. "Ça bouge", avertit-on. Des échos émanant de certains établissements hospitaliers insistent sur des cas d'hospitalisation avec des formes graves sans compter les malades suivis en ambulatoire, recevant leur traitement à domicile. À Médéa, la crainte d'une 4e vague de la pandémie est prise au sérieux par les autorités locales qui ont, d'ores et déjà, commencé à se préparer pour y faire face en mobilisant les moyens matériels et humains. Dans le cadre d'une démarche anticipative, le point relatif à la préparation du plan de lutte a été au centre d'une réunion qui s'est déroulée au siège de la wilaya, jeudi, sous la présidence du wali, Djahid Mous. L'occasion aussi de passer en revue les conditions de mise en œuvre des instructions données par le ministre de la Santé lors de sa dernière visite dans la wilaya et les mesures de vigilance mises en place durant cette période d'accalmie. Ainsi, et pour renforcer les capacités des hôpitaux de la wilaya, une cinquantaine de concentrateurs d'oxygène ont été mis à leur disposition juste à la fin de la réunion et l'ordre a été donné de régler toutes les factures en instance de paiement des fournisseurs d'oxygène, et ce, dans les plus brefs délais. Pour garder la 1re position au niveau national en matière de couverture vaccinale contre la Covid-19, avec un taux avoisinant les 80%, les autorités locales appellent les citoyens à continuer à se faire vacciner. À Aïn Témouchent, la hausse sensible des cas de Covid-19 enregistrée ces derniers jours dans la wilaya a poussé les services sanitaires à lancer un appel aux citoyens quant au respect des mesures préventives et à se faire vacciner en vue d'atteindre l'immunité collective. À ce titre, le Dr Ismaïl Dib, chef du service d'épidémiologie et de médecine préventive auprès de la direction de la santé de la wilaya d'Aïn Témouchent, a indiqué à la presse que le nombre des cas de Covid-19 confirmés a enregistré une hausse sensible lors des dix dernières journées, et qui a atteint les 36 cas répartis à travers les hôpitaux d'Aïn Témouchent, de Béni Saf et de Hammam Bou-Hadjar. Il est utile de rappeler que le taux de vaccination contre la Covid-19 dans la wilaya d'Aïn Témouchent n'a pas franchi la barre des 13,28% depuis le lancement de l'opération à ce jour. Face à cette crainte, les services sanitaires ont pris toutes les dispositions pour maîtriser la situation en cas d'importante hausse des cas de Covid-19, avec la mobilisation de tous les moyens humains et matériels au sein des trois établissements hospitaliers. À Tiaret, le wali, Mohamed Amine Deramchi, a préconisé, dimanche, lors de la réunion de la cellule de crise de lutte contre la pandémie, la mise en place d'une feuille de route aussi efficiente que la stratégie adoptée pour combattre les trois vagues précédentes. S'adressant particulièrement aux professionnels de la santé publique, il a rappelé que la situation exige la relance de la stratégie de prévention sanitaire, qui doit principalement mettre en relief la communication et un planning de vaccination, ainsi qu'un programme opérant et énergique qui doit être axé sur la fixation d'objectifs clairs, un suivi régulier et le déploiement de moyens nécessaires.