Les boulangers de la ville de Draâ El-Mizan, au sud de Tizi Ouzou, ont lancé hier une grève pour une durée illimitée à l'effet de crier leur désarroi, face à l'augmentation des prix des matières entrant dans la fabrication du pain. La décision de passer à cette action extrême est prise, affirment-ils, pour tirer la sonnette d'alarme quant à l'absence des moindres conditions permettant de poursuivre leur activité. Dans leur communiqué, les gérants des boulangeries de la région décrivent des conditions qui se détériorent de jour en jour. Le manque de farine et d'eau, le prix de la levure chimique qui a subi une forte hausse sont entre autres les problèmes évoqués par les grévistes. Les consommateurs, eux, ont été surpris par ce mouvement de grève. "J'ai l'habitude de passer chez ce boulanger. Quand j'ai vu que le magasin était fermé, j'ai cru qu'il s'agissait d'un empêchement personnel. J'ai ensuite fait le tour de toutes les boulangeries. Puis, j'ai appris que c'était une grève. Vraiment, nous n'avons rien compris. Après le lait, c'est le pain. Où va-t-on ?" s'écrie ce consommateur d'un air dépité, accosté au centre-ville à la recherche de quelques baguettes de pain. Les boulangers approchés à ce sujet sont unanimes à dire que leur activité est menacée. "Cela fait déjà plusieurs années depuis que nous avons soulevé ces problèmes qui nous causent énormément de désagréments, en vain. Impossible de continuer à vendre la baguette de pain à 10 DA. Tout a augmenté : le prix de la levure, de l'eau que nous achetons à 3 000 DA la citerne et les autres charges. Le loyer a été multiplié par cinq depuis le début des années 2000 et le prix de la baguette est toujours le même. N'oublions pas la pénurie de farine qui revient toujours, au point où nous devons l'acheter au marché parallèle. En tout cas, si des décisions ne sont pas prises pour améliorer la situation, de nombreux boulangers vont déposer leur registre", explique un gréviste. Ces grévistes souhaitent que leur appel soit entendu par les services concernés. "Ce n'est pas la première fois que nous recourons à ce genre d'action. Pas de retour en arrière si nos revendications ne sont pas satisfaites", persiste un autre boulanger du centre-ville. À noter que les magasins de semoule et dérivés ont été pris d'assaut après l'annonce de ce mouvement de grève, au point où pratiquement tous les stocks ont été épuisés en une journée.