Les boulangers et les responsables de la direction du commerce se renvoient la balle au sujet de cette situation sur le pain que le consommateur paye rubis sur l'ongle. Depuis plus d'une dizaine de jours, les boulangers de la ville de Draâ El-Mizan (sud de Tizi Ouzou) ne désemplissent pas. Dès les premières heures de la journée, les boulangeries sont prises d'assaut par les clients à la recherche d'une baguette de pain. Car ces artisans font fonctionner leurs pétrins de manière aléatoire. "On n'a rien compris. Du jour au lendemain, il faut aussi faire la chaîne pour acheter du pain tout comme d'ailleurs pour le lait en sachet, qui a disparu des étals depuis belle lurette", se plaint Rachid, père de famille, devant une boulangerie du centre-ville. Les boulangers n'offrent que du pain amélioré, largement cher par rapport à la baguette de pain dit "normal", vendu à 10 DA. "Les boulangers nous proposent du pain de semoule entre 15 DA et 20 DA. C'est tout de même cher pour une famille qui consomme une dizaine de baguettes par jour", a expliqué un autre consommateur. Peu avant midi, pratiquement toutes les quantités de pain mises en vente sont écoulées. "Je travaille dans une administration publique et je sors à midi. Plus de pain chez les boulangers", dit, dépité, Lounis, contraint de se rabattre sur la galette traditionnelle, vendue encore plus cher. Selon les boulangers contactés à ce sujet, le manque de pain est la résultante de la pénurie de farine créée par les spéculateurs. "On ne peut pas quand même abdiquer devant ce diktat. Déjà avec le prix subventionné de la farine, on travaille à perte parce que la baguette vendue à 10 DA nous revient plus cher. Si on s'amuse à acheter un sac de farine à 3200 DA au lieu de son prix habituel, nous ne gagnerons rien. Et puis, les quantités qu'on reçoit ces derniers temps ne suffisent pas pour répondre à la demande de notre clientèle", répond, pour sa part, un autre boulanger. Tout de même, dit-il encore, ils offrent le pain de semoule à 15 DA. "C'est un prix raisonnable", poursuit-il. Du côté des responsables du commerce, il n'y a aucune pénurie de farine parce que des quantités suffisantes sont disponibles sur le marché. Ces responsables ont affirmé dans leurs interventions que les minoteries chargées d'approvisionner les artisans boulangers tournent à plein régime. En attendant, c'est le citoyen lambda qui est la victime d'une crise qui se répète tous les ans. Ce n'est pas la première fois que ces boulangers soulèvent ce problème. Déjà en 2019, ils avaient unilatéralement décidé d'augmenter la baguette de pain à 15 DA. Il a fallu la réaction des associations de défense du consommateur pour que cette décision soit annulée, même si ces boulangers avaient observé une grève de plusieurs jours pour faire aboutir leur revendication. Selon de nombreux observateurs au fait de cette activité, c'est la hausse de la baguette de pain qui est visée.