L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) montrent une résistance aux pressions exercées par les pays consommateurs, les Etats-Unis en tête, affirmant, selon Reuters, qu'ils "ne discutent pas actuellement d'une éventuelle suspension de l'augmentation prévue de leur production, malgré la décision de plusieurs pays de puiser dans leurs réserves stratégiques de brut". L'alliance des producteurs a fait valoir que le marché "serait bientôt confronté à une nouvelle surabondance, malgré une remontée des cours". Certains analystes du marché ont, toutefois, suggéré, d'après l'agence d'information britannique, que l'alliance "pourrait marquer une pause dans ses augmentations après le recours aux réserves stratégiques des principaux pays consommateurs". Néanmoins, personne ne sait quelle sera la décision de l'Opep+, à l'occasion de sa prochaine réunion, prévue jeudi 2 décembre. Tout en gardant un œil sur cette rencontre, les Etats-Unis continuent d'amplifier la mobilisation en faveur de la baisse des cours de l'or noir. Il faut dire que les Américains ne perdent pas de temps lorsqu'il s'agit d'une question urgente à traiter ; ils sont déjà passés à l'offensive, sortant même l'artillerie lourde, en utilisant 50 millions de barils de pétrole puisés dans leurs réserves stratégiques. Ce faisant, ils tenteront de faire plier l'Opep et ses partenaires. Cette initiative a été prise en concertation avec d'autres Etats gros consommateurs de pétrole, en particulier la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Royaume-Uni. Ces derniers ont décidé donc de puiser dans leurs stocks après n'être pas parvenus à convaincre l'Opep de pomper davantage de brut, une mesure destinée à faire reculer les prix du pétrole. Pour certains analystes, l'Opep+ ne voit pas le sens de l'argument avancé par ces pays. Pour d'autres, dans un contexte d'incertitude économique, sanitaire et géopolitique, l'Opep et ses alliés ont raison de vouloir faire preuve de prudence. Ainsi, les discussions sont difficiles, parce que, dans le bras de fer qui oppose l'alliance des pays pétroliers et les pays consommateurs, confrontés à la cherté des prix de l'énergie, ce ne sont pas les producteurs qui contrôlent tout et possèdent la clé qui débloquera la situation. Hier, dans la matinée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier reculait de 4,86% à 78,22 dollars, tandis que le baril américain de WTI, pour le même mois, perdait 5,40% à 73,89 dollars. Le pétrole baisse, en partie, en raison d'inquiétudes liées au nouveau variant du Covid-19, appelé pour le moment B.1.1.529, détecté en Afrique du Sud et à la hausse des cas de coronavirus en Europe. Aujourd'hui, la propagation des cas de contamination par la Covid-19 en Europe — alors que la pandémie semble en partie sous contrôle aux Etats-Unis et en Chine — crée des incertitudes sur le niveau de la demande pétrolière mondiale. L'Opep+ fait ainsi face à une demande qui se reprend lentement et à une économie en difficulté. Une situation inéluctable ? Institutions financières et pays développés tentent, dans ce contexte de crise, d'en démêler l'écheveau, en soutenant des plans de relance, seul starter possible d'une économie grippée. Par ailleurs, les investisseurs restent à l'écoute de l'évolution des discussions autour de l'Iran, producteur historique de l'Opep écarté du marché depuis 2018. À quelques jours de la reprise des négociations sur le nucléaire avec l'Iran, l'ambiance est très tendue, de quoi éloigner la perspective d'une hausse prochaine des exportations pétrolières de Téhéran.