L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés parmi les producteurs non-Opep s'apprêtent à se réunir, demain, lundi, sur fond de crise énergétique mondiale, traduisant une offre tendue en période de rémission de l'économie mondiale des conséquences de la Covid-19. Le cours du pétrole brut a clôturé la semaine au-dessus de 78 dollars le baril, juste en deçà d'un sommet en trois ans atteint plus tôt la semaine dernière. Tous les regards sont désormais tournés vers l'Opep+, pressée par les Etats-Unis et les autres pays consommateurs, afin de lever davantage le pied sur les restrictions de la production. L'alliance, qui avait décidé en avril dernier de lever progressivement les restrictions de la production, fait face à une pression grandissante au fur et à mesure que la crise énergétique se complexifie, marquée par une hausse fulgurante des prix du gaz et du pétrole sur fond de reprise plus rapide que prévu de la demande mondiale. Le prix de la référence européenne Brent a augmenté à 79,13 dollars lors de la séance de clôture de la semaine dernière, alors que l'indice américain, le West Texas Intermediate (WTI), a augmenté à 75,72 dollars vendredi. Le Brent a crû de plus de 50% cette année et a atteint un sommet en trois ans de 80,75 dollars mardi dernier. Ce niveau de prix a été décrié par les plus grands consommateurs mondiaux de pétrole, à savoir les Etats-Unis, l'Inde et la Chine ; ceux-ci ayant puisé dans leurs réserves stratégiques de pétrole, afin de faire face à la flambée des cours et à ses conséquences sur l'inflation. La crise gazière en Europe et en Asie, incitant les producteurs d'électricité à s'éloigner du gaz au profit du pétrole, a fait monter d'un cran la demande de brut et les cours mondiaux. La crise énergétique risque ainsi de s'aggraver à mesure que l'écart entre l'offre et la demande se creuse. Certains analystes estiment que l'Opep+ doit pomper plus de 600 000 barils au-dessus du niveau actuel de son offre, afin de répondre à la demande et de stabiliser les prix. Si beaucoup d'observateurs écartent, jusqu'ici, un changement de politique au sein de l'Opep+, certains s'attendent à ce que l'alliance ouvre davantage les vannes dans la foulée des réactions des plus grands consommateurs. La Chine a demandé aux grandes entreprises énergétiques de sécuriser leurs approvisionnements à tout prix. L'administration du président américain Joe Biden a déclaré avoir rappelé à l'Opep la nécessité de soutenir la reprise, et le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a rencontré le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, la semaine dernière. L'Opep, qui subit ainsi une pression de plus en plus intense, pourrait ouvrir la soupape et convenir d'une nouvelle hausse de sa production au-delà des 400 000 barils/jour convenue en juillet, afin de soutenir le rythme de la demande. Celle-ci a été stimulée davantage par la crise du gaz naturel qui sévit à la fois sur le marché européen et asiatique et, à un degré moindre, en Amérique. Certains délégués de l'Opep+ ont déclaré en privé qu'une augmentation supérieure aux 400 000 barils par jour prévus serait en discussion et qu'un consensus était presque acquis. Les Saoudiens, eux-mêmes, ne veulent pas voir les prix grimper vers 100 dollars le baril, car des coûts excessifs du carburant réduiraient la demande et stimuleraient la reprise de la production américaine de schiste.