Si la candidature de Seïf El-Islam Kadhafi est définitivement écartée avec le rejet de son dossier, celle de son rival le maréchal Haftar fait l'objet d'au moins deux recours judiciaires pour la contester. La tension monte déjà dans une Libye qui se remet à peine de ses douleurs et qui risque de replonger dans le chaos. La cour de Tripoli a validé deux recours introduits par d'autres candidats contre la candidature du chef du gouvernement intérimaire libyen Abdelhamid Dbeibah à l'élection présidentielle du 24 décembre prochain. Parmi eux l'influent ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha. Un jugement qui pourrait accroître un peu plus les tensions dans le pays, à l'approche de l'élection présidentielle prévue en décembre prochain. Tension attisée par la démonstration de force de Haftar pour empêcher le fils de l'ex-dictateur de déposer un recours contre l'invalidation de sa candidature. La force armée de Khalifa Haftar a bloqué jeudi 25 novembre le tribunal de Sebha, dans le Sud libyen, pour empêcher les juges de se prononcer sur le recours de Seïf El-Islam Kadhafi. Ce dernier a été exclu mercredi de la course à la présidentielle par la commission électorale après sa condamnation à mort par un tribunal de Tripoli en 2015. Pour le recours contre la candidature du chef du gouvernement intérimaire, le motif est tout autre. Selon des médias locaux, le tribunal a retenu l'argument selon lequel M. Dbeibah n'a pas démissionné de son poste trois mois avant l'élection présidentielle, comme l'impose la loi électorale. Les partisans du Premier ministre évoquent, eux, une motion de censure votée par le Parlement en octobre dernier, qui aurait de fait mis fin aux fonctions d'Adbelhamid Dbeibah. Mais le tribunal estime que ce dernier a continué d'exercer ses fonctions normalement depuis, ce qui "contredit sa candidature".Si la candidature de l'homme d'affaires originaire de Misrata est rejetée, il aura 72 heures pour faire appel. En attendant, et signe que la tension monte peu à peu, la police a commencé à affecter des patrouilles autour de tous les sièges de la justice, afin de recevoir les recours aux élections présidentielle et législatives. Cette démonstration de force à laquelle a recouru le maréchal Haftar pour bloquer le tribunal devant recevoir et statuer sur le recours de Seïf El-Islam se veut un message pour le clan des Kadhafi, dont le fief est dans le Sud libyen, où il veut ratisser large dans cette région qui ne lui est pas totalement acquise. Et la validation de la candidature de Seïf El-Islam signifie un éventuel échec de Haftar et certainement sa fin politique. Haftar lorgne également les soutiens et les réseaux de son rival, notamment la Russie dont il est proche et dont la candidature ferait sauter le lien qu'il a avec cette puissance, qui lui a "fourni" un appui avec la société de sécurité privée Wagner qui opérait avec les forces de l'armée nationale libyenne qu'il dirige. Que fera le maréchal si sa candidature, contestée par d'autres candidats, est rejetée ? Lancera-t-il une nouvelle offensive sur Tripoli ? Perturbera-t-il le scrutin du 24 décembre en défiant la communauté internationale qui le soutient ?