Principal perdant du scrutin du 27 novembre, le Front des forces socialistes n'a même pas réussi à préserver sa position de leader dans son fief naturel où il est désormais concurrencé par d'autres forces politiques. Paie-t-il le prix d'un choix contesté, y compris par une partie de sa base ? Gueule de bois au boulevard Souidani-Boudjemâ. Le lieu tout comme le moment ne sont pas à la joie au lendemain de l'annonce des résultats provisoires du scrutin du 27 novembre. Le Front des forces socialistes doit s'en mordre les doigts. Et pour cause, les résultats du scrutin n'ont visiblement pas été à la hauteur de son poids politique. Les résultats, bien qu'encore partiels, annoncés çà et là, montrent, d'ores et déjà, que le plus vieux parti d'opposition qui a reculé dans ses propres fiefs en Kabylie sans réaliser de grandes percées dans les autres régions du pays, fait désormais dans la résistance. Habitué, en effet, à remporter haut la main le pouvoir local en Kabylie, notamment à travers les Assemblées populaires des deux wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa, qui constituent ses principaux fiefs, le FFS joue désormais serré. Bien que toujours majoritaire dans ces deux assemblées, le parti a enregistré un net recul en nombre de sièges. À Tizi Ouzou où l'Anie a annoncé, hier, les résultats officiels de l'élection APW, le FFS, donné la veille vainqueur avec une majorité absolue par la vox populi, n'a obtenu finalement que 15 sièges sur les 47 que compte cette assemblée. Soit un recul de 4 sièges comparativement à l'élection de 2017 lorsqu'il avait obtenu 19 sièges. Même si son concurrent habituel, le RCD, n'a pas pris part à ce dernier scrutin, le FFS a été quelque peu malmené par les indépendants qui ont obtenu, séparément, 23 sièges. Le même scénario est également enregistré dans la wilaya voisine de Béjaïa où le FFS, qui avait raflé 19 sièges en 2017 n'a également obtenu, cette fois, que 15 sièges sur les 43 de l'APW. Pis encore, à l'APW de Boumerdès, le FFS n'a obtenu aucun siège. Au total, le parti de Hocine Aït Ahmed, était candidat à 7 Assemblées de wilaya au niveau national. Jusqu'à hier, en fin d'après-midi, les résultats des quatre autres APW où il avait présenté des listes n'étaient pas encore connus. Concernant les élections municipales, les résultats obtenus par le FFS restent quelque peu mitigés. Même dans son fief traditionnel, le FFS n'a remporté aucune des communes du chef-lieu de wilaya, ni à Tizi Ouzou ni à Béjaïa. S'il est vrai qu'à Tizi Ouzou le FFS a remporté la majorité absolue dans 18 communes et d'autres encore avec des majorités relatives, et qu'il a même conquis certaines APC habituellement acquises à d'autres partis, il y a lieu de rappeler qu'au scrutin de 2017, il avait remporté haut la main 21 APC. À Béjaïa, le parti a même perdu des communes qui lui étaient acquises, telles que Derguina et Challatta. Reste à savoir si le FFS qui a présenté 143 listes sur le territoire national réussira à remporter des victoires en dehors de la Kabylie et confirmer ainsi sa vocation nationale à chaque fois réaffirmée par ses dirigeants. Dans les milieux militants du plus vieux parti d'opposition, ce recul enregistré par leur parti n'a rien de surprenant. Il était, soutiennent-ils, "prévisible" en raison du contexte dans lequel s'est déroulée l'élection. "Avec des détenus en prison, une insurrection inachevée, une ambition de changement ravalée et une répression sans précédent, l'élection s'est déroulée, certes dans le calme mais dans un contexte demeuré réfractaire. À cela s'ajoute également qu'une bonne partie de la base militante était contre les élections", nous a expliqué, hier, un cadre local du parti reconnaissant que malgré les efforts fournis, le choix de la participation stratégique du parti n'a pas été suffisamment expliquée aux militants. Pour lui, "le résultat de cette élection n'est que le revers de la médaille de la démarche du FFS". Certains autres expliquent ce recul par la qualité des listes présentées alors que d'autres encore pointent du doigt la stratégie de campagne menée. Des observateurs évoquent également le bilan qu'ils qualifient de "mitigé" du mandat de l'assemblée sortante. En somme, sans députés en appui et sans majorité absolue aux APW remportées, le FFS qui se trouve cerné par les indépendants de l'extérieur et une partie de sa base militante de l'intérieur, n'a plus les coudées franches pour agir librement et se retrouve désormais contraint de faire dans la résistance.