La vie politique à Bordj Bou-Arréridj n'est pas un long fleuve tranquille. Depuis l'annonce des résultats des élections locales, plusieurs localités attendent toujours leurs présidents d'APC et d'APW. Vu le manque de majorité dans de nombreuses communes et au niveau de l'APW et les différents courants politiques qui se sont partagé les sièges en l'absence d'une forte participation des électeurs, des tractations difficiles se poursuivent entre ces nouveaux élus. Au niveau de l'APW, aucune majorité n'est sortie. Sur les 12 listes en lice, 9 se sont partagé les 39 sièges de l'assemblée : Front El-Moustakbal (7 sièges), Ahrar (7), RND (6), FLN (5), Thika (4), El-Wafa (3), El-Hisn El-Yaqin (3), MSP (2) et Yad Fi Yad (2). "Il suffisait d'avoir 3 722 voix pour obtenir un siège", dit un des élus, qui rappelle que les listes indépendantes ont totalisé 19 sièges et les quatre formations politiques 20 sièges. "Chaque groupe veut la présidence de l'APW. Même le MSP avec 2 sièges cherche à s'approcher d'un groupe pour conclure des alliances et prendre la présidence", ajoute un autre élu d'une liste indépendante. D'autres tentent de rallier des élus indécis qui oscillent entre les groupes. En plus de la présidence de l'APW, les tractations se font aussi sur les présidences de commission et les vice-présidents. "Tout l'avenir politique des élus se joue dans ces dernières heures, y compris pour ce qui est du nom du prochain sénateur", dévoile un des nouveaux élus. Selon nos informations, en dehors des chiffres officiels, plusieurs APC restent encore sans président et les tractations se poursuivent. L'émiettement des votes a conduit à ouvrir le jeu des alliances tous azimuts. Au niveau de la commune de Bordj Bou-Arréridj qui compte 33 sièges répartis entre FLN (6), RND (6), El-Moustakbal (6), HMS (4) alors que 4 listes indépendantes se partagent 15 sièges (4-4-4-3), les tractations se poursuivent car le FLN refuse de cautionner un ancien élu qui vient d'obtenir 21 voix sur les 33. De son côté, El-Moustakbal veut la présidence et refuse de s'aligner sur la majorité. Seule la commune d'El-Main, au nord de la wilaya, avec sa seule liste indépendante, a connu son maire et son assemblée avant même le vote ! En effet, sans surprise, le maire sortant (par intérim) a repris sa place sans concurrent direct ni opposition future. "C'est sa liste et les membres ont été choisis pour le soutenir durant le vote et après", dit un ex-élu, activiste du mouvement populaire. La nouvelle reconfiguration locale est caractérisée par l'omniprésence des deux partis traditionnels, à savoir le FLN et le RND. Ils sont consolidés par un nombre important d'indépendants (généralement issus des mêmes tendances) et les éléments du Front El-Moustakbel. À quelques heures de l'annonce des présidents des assemblées locales, l'indifférence règne chez les citoyens. Comme à l'accoutumée, les élections locales, en l'absence d'une participation massive, ont été soumises au diktat de l'appartenance tribale du candidat. "Rien n'a changé, aucune nouveauté, les mêmes têtes sur les listes différentes", dit un jeune de Bordj Bou-Arréridj, qui ajoute que le boycott des urnes par les Bordjiens est une action citoyenne pour rejeter tous ces personnages de la vie politique locale. "Nous voulons un changement radical, à commencer par l'esprit tribal", lance un jeune étudiant en sociologie. "Plusieurs critères non démocratiques vont intervenir pour choisir le maire ou le président de l'APW. Pour moi, c'est la même assemblée que les précédentes depuis l'indépendance. Rien n'a changé, juste les visages. Les mêmes fonctions et visions qui se maintiennent", dit Moussa, du vieux quartier populaire Lagraphe. Pour ce jeune élu, le défi se résume à la mise en place d'un partenariat politique au niveau local pour développer un programme commun entre les élus, afin de booster les communes sur le plan de développement local et social. "L'enjeu est sérieux, surtout que les citoyens sont de plus en plus exigeants sur les questions en rapport avec leurs préoccupations quotidiennes", ajoute-t-il.