Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n'a pas tardé à réagir au communiqué critique du Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM), au sujet des préparatifs des Jeux méditerranéens d'Oran prévus du 25 juin au 5 juillet 2022 à Oran. En effet, lors de la réunion du Conseil des ministres tenue dimanche, il a été décidé, selon le communiqué de la Présidence, de "charger le ministre de la Jeunesse et des Sports du suivi et du constat sur le terrain de façon hebdomadaire pour s'enquérir du rythme d'avancement des travaux, en coordination avec le wali d'Oran, et soumettre au Premier ministre, ministre des Finances des rapports précis et transparents, en présentant un état des lieux mensuel au Conseil des ministres. Créer dans l'immédiat une instance chargée du suivi des préparatifs avec la participation de personnalités hautement qualifiées et expérimentées dans la gestion des manifestations sportives internationales. Répartir les responsabilités et veiller à une coordination constante avec les autorités locales et tous les acteurs". Or, il faut rappeler qu'il y a à peine quelques semaines, Tebboune avait coupé l'herbe sous les pieds du MJS au sujet de la préparation de ces jeux régionaux. En fait, suite à une décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le décret exécutif n°21-374 du 30 septembre 2021 modifiant et complétant le décret exécutif n°17-75 du 9 février 2017 portant création du Comité d'organisation des dix-neuvièmes Jeux méditerranéens d'Oran, publié récemment dans le Journal officiel, explique clairement que ce comité est présidé par le commissaire des dix-neuvièmes Jeux méditerranéens d'Oran, en l'occurrence Aziz Derouaz. Ce dernier est nommé par décret présidentiel, précise du reste le décret. Le commissaire des dix-neuvièmes Jeux méditerranéens d'Oran, indique en outre le décret, "est l'ordonnateur du budget du comité. Il peut déléguer sa signature au directeur général des Jeux ou au président de la commission de l'administration et des finances". Aziz Derouaz est assisté, dixit le décret, "par deux (2) vice-présidents, en les personnes du wali d'Oran, 1er vice-président, et du président du Comité national olympique, 2e vice-président ; le comité se compose d'un (1) représentant de chaque ministère, organisme et autorité...". Le précédent décret, daté de 2019, précisait en revanche que le Comité d'organisation des dix-neuvièmes Jeux méditerranéens d'Oran est "présidé par le ministre de la Jeunesse et des Sports, assisté de deux (2) vice-présidents, en les personnes du wali d'Oran, 1er vice-président, et du président du Comité national olympique, 2e vice-président ; le comité se compose d'un (1) représentant de chaque ministère, organisme et autorité suivants : ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, ministre de la Défense nationale, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, ministre des Finances...". Cette nouvelle orientation de la Présidence constitue donc une remise en cause à peine voilée du comité d'organisation des dix-neuvièmes Jeux méditerranéens d'Oran, presidé par Aziz Derouaz, qui se voit visiblement remplacé par "une instance chargée du suivi des préparatifs avec la participation de personnalités hautement qualifiées et expérimentées dans la gestion des manifestations sportives internationales", dixit la Présidence. Pour rappel, le président du nouveau Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM), Davide Tizzano, a demandé des "solutions immédiates" à la ville hôte de 2022, Oran, après que le président de la commission de coordination, Bernard Amsalem, a fait part au comité exécutif de ses "inquiétudes". Ses principales craintes concernant les Jeux ont trait aux "retards dans la construction, le processus d'appel d'offres, les problèmes de technologie et de transport, les marges de temps extrêmement étroites, les retards dans les projets et l'écart apparent par rapport au calendrier initialement convenu". À ce titre, le CIJM a annoncé "une visite à Oran les 11 et 12 décembre et l'envoi d'une lettre pour avoir des réunions au plus haut niveau de l'Etat en Algérie, à savoir avec le Président, le Premier ministre, le ministre de la Jeunesse et des Sports, ainsi qu'avec le Comité national olympique, afin d'apporter des solutions immédiates aux problèmes qui ont surgi concernant les rythmes des préparatifs". En outre, le communiqué de la Présidence insiste sur la nécessité de "veiller à assurer aux athlètes algériens tous les moyens afin de les préparer et d'améliorer leur niveau pour s'adjuger les premières places en termes de médailles pour honorer l'emblème national". À six mois du rendez-vous d'Oran, il faut avouer que les autorités ont tardé à réagir concernant l'état de léthargie dans lequel baignaient toutes les disciplines depuis l'arrêt des compétitions en mars 2020 en raison de la pandémie. Alors que tous les pays ont donné, bien avant, le feu vert pour la reprise des entraînements et des compétitions nationales, le MJS a observé une attitude empreinte d'inertie, ne permettant la reprise des entraînements qu'en septembre 2020. Or, une longue période d'arrêt pour les athlètes de haut niveau est certainement préjudiciable pour un pays qui aspire à jouer les premiers rôles et à rafler des médailles dans ces jeux. À cela s'ajoute la crise d'un club comme le GSP – placé pourtant sous le giron de Sonatrach –, véritable pourvoyeur d'athlètes des équipes nationales, toutes disciplines confondues. Non seulement ces athlètes étaient à l'arrêt, mais ils sont restés plus d'une année sans salaire. Les résultats se sont fait du reste ressentir lors des derniers jeux Olympiques de Tokyo, à l'issue desquels les Algériens sont revenus sans la moindre médaille. Du coup, une question s'impose : les décisions de la Présidence seront-elles suffisantes pour refaire le retard à tous les niveaux, à six mois des Jeux méditerranéens d'Oran ?