À l'approche de la Coupe d'Afrique des nations, qui aura lieu du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun, le sujet de la disponibilité des joueurs africains évoluant notamment en Europe revient sur la table. Dans une lettre adressée à la Fédération internationale de football (FIFA) et à la Confédération africaine de football (CAF), jeudi dernier, le forum des Ligues mondiales, organe représentant, entres autres, les clubs européens, informe que les équipes européennes vont conserver leurs internationaux africains jusqu'au 3 janvier 2022. Dans ce document, le forum des Ligues mondiales qui représente environ 40 ligues professionnelles, refuse de libérer les internationaux africains, et ce, pour prendre part à la CAN-2021 avant le 3 janvier dernier, soit à une semaine seulement de l'entame du grand tournoi africain. Or, selon les règlements de la FIFA, les clubs sont dans l'obligation de laisser les joueurs à la disposition de leurs sélections respectives 13 jours avant le début de la compétition, soit le 27 décembre au plus tard. Pourtant, la FIFA est pointilleuse par rapport à cette question. Soucieuse des intérêts des équipes nationales et de la réussite des tournois placés sous son égide, l'instance de Gianni Infantino a clairement défini les règles à ce propos : "Le joueur doit être mis à disposition pour la période de préparation précédant une rencontre. La durée de cette période pour une compétition finale, dans le cadre d'une compétition internationale, est de 14 jours avant le match d'ouverture du tournoi". Autrement dit, à partir du 27 décembre, l'ensemble des joueurs convoqués doivent rejoindre leur sélection nationale. Mieux encore, la FIFA interdit aussi à un joueur sélectionné de participer, durant cette période, à un match avec son club, sauf dans le cas d'une autorisation écrite de sa fédération nationale. Cependant, le Forum des Ligues mondiales estime que le délai de 14 jours semble "déraisonnable et disproportionné" pour les clubs. Le même organe affirme "avoir saisi par écrit la FIFA et la CAF le mois dernier sans pour autant recevoir une réponse claire à ce sujet". Le Forum des Ligues mondiales estime, toutefois, que toute sanction prise par la FIFA serait "abusive". "Nous estimons que la libération des internationaux africains commencera le 3 janvier", indique dans sa lettre le secrétaire général de la WLF, Jérôme Perlemuter. Il faut savoir que si, pour les clubs français, italiens ou allemands, le problème ne se pose pas dans la mesure où leurs championnats observeront une trêve durant la majeure partie de cette période, ce ne sera pas le cas pour l'Angleterre où trois journées de la Premier League (Boxing day) sont au programme jusqu'au 3 janvier. Aux joueurs d'assumer leur part de responsabilité Deux joueurs algériens sont concernés : Riyad Mahrez et Saïd Benrahma. Et devant une telle situation, il est clair que les entraîneurs des formations anglaises seront tentés de négocier avec leurs homologues sélectionneurs africains en ce qui concerne la mise à disponibilité des internationaux. Ainsi, par exemple, l'entraîneur de Liverpool, Klopp, pourrait demander à ses homologues égyptien et sénégalais, Queiroz et Aliou Cissé, de maintenir Salah et Mané. Idem pour le coach des Citizen, Pep Guardiola, qui pourrait négocier avec son homologue algérien Belmadi pour conserver Mahrez jusqu'au 3 janvier. Maintenant, c'est aux joueurs d'assumer pleinement leurs responsabilités. La loi est avec eux, ils ne risquent absolument rien. Les clubs européens ne peuvent donc pas retenir les joueurs africains à partir du 27 décembre. En tout cas, le débat de la périodicité de la CAN avait été vivement critiqué par les entraîneurs européens, particulièrement par l'entraîneur de Liverpool, Klopp, qui avait créé la polémique en dénigrant la Coupe d'Afrique des nations qu'il qualifie d'ailleurs de "petit championnat". "En janvier prochain, il y aura un petit championnat en Afrique. Nous serons obligés de nous battre sur plusieurs fronts avec les joueurs dont nous disposons", a déclaré le coach des Reds. Liverpool devrait notamment perdre Mohamed Salah, Sadio Mane et Naby Keita, Matip, et ce, pour une durée pouvant aller jusqu'à un mois. Et Klopp n'est pas le seul à avoir critiqué la période du déroulement de la CAN ; le coach du Napoli, Spalleti, l'a qualifié de "monstre invisible". "Le championnat est encore très long. Il y a encore ce monstre invisible, la Coupe d'Afrique des nations, qui te prend des joueurs du vestiaire, sans savoir quand tu les retrouveras ni quoi faire. Nous avons quatre joueurs concernés. Nous sommes l'équipe du haut de tableau la plus concernée", explique l'entraîneur italien. Même l'entraîneur de Metz, Frederic Antonneti, a descendu en flammes le tournoi africain : "La CAN nous prend 7 à 8 joueurs. C'est énorme. C'est un jeu truqué, faussé. Comment peut-on avoir des compétitions internationales durant les compétitions nationales ? Ce n'est pas possible. Je n'ai rien contre la CAN qui est une très belle épreuve. Mais on ne peut pas enlever autant de joueurs dans une équipe. Et nous ne sommes pas les seuls à en être victimes..." Cette levée de boucliers des clubs et entraîneurs européens a poussé la FIFA à réfléchir à un nouveau calendrier pour la CAN. D'ailleurs, Gianni Infantino voudrait adopter un nouveau calendrier pour la CAN dès 2024. Il espère une coupure internationale rallongée en octobre, lors des qualifications, et ce, pour permettre aux clubs de bénéficier de l'ensemble de leurs joueurs le reste de l'année. "Si nous pouvons rationaliser le calendrier afin de garantir qu'une CAN puisse être jouée dans le cadre d'une fenêtre internationale plus longue à l'automne, plutôt qu'en janvier et février, je pense que nous aurons déjà réalisé quelque chose d'assez important pour qu'il y ait moins de perturbations pour de nombreuses ligues qui ont des joueurs africains dans leurs compétitions", a-t-il indiqué dans des propos relayés par RFI. Ce souhait d'Infantino n'est qu'une volonté de sa part de satisfaire les demandes des clubs européens qui se sont toujours plaints des dates du déroulement de la CAN (janvier, février) à cause du départ des internationaux africains pour rejoindre leurs sélections nationales respectives.