Le choc pandémique et ses conséquences sur l'activité économique est venu rappeler, selon les experts de la Banque mondiale, la nécessité d'instaurer, en Algérie, un environnement plus favorable aux entreprises. Dans une analyse mettant sous les feux de la rampe le climat d'investissement en Algérie, la Banque mondiale a pointé plusieurs facteurs déterminant la survie des entreprises à leur création. "La création d'une entreprise en Algérie peut relever du parcours du combattant, même lorsque la conjoncture est favorable", estiment, d'emblée, Maria Chiquier et Lorenzo Bartolini, respectivement spécialiste en développement du secteur privé et spécialiste principal du secteur privé à la Banque mondiale. Selon l'analyse de la BM, en Algérie, la probabilité de pérennité d'une entreprise à sa création ne dépend guère du capital initial ou du profil de l'entrepreneur, encore moins de son business plan, mais plutôt de sa capacité de résistance aux lenteurs administratives et au parcours procédural pour le moins long et dissuasif. "Les démarches préalables à l'immatriculation peuvent à elles seules prendre plus de trois semaines. Elles comprennent de nombreuses étapes, de l'obtention d'une attestation de disponibilité du nom de la société au dépôt du capital de départ, en passant par la publication d'un acte de constitution par un notaire. Soit autant de formalités nécessaires pour être dans la légalité, auxquelles viennent s'ajouter des procédures distinctes en matière d'impôts locaux et d'affiliation à la Sécurité sociale", soulignent les experts de la Banque mondiale. Satisfaire ces premières exigences n'est pas pour autant la fin du calvaire pour les entrepreneurs algériens, puisqu'à ces difficultés, viennent se greffer d'autres obstacles, dès le lancement de l'activité. Il s'agit de l'autorisation de permis de construire qui peut prendre plus de six mois ; de l'obtention d'un prêt auprès d'une banque algérienne exigeant une hypothèque, alors même que les petits et moyens entrepreneurs ne possèdent souvent pas de biens fonciers ou immobiliers. "Ces facteurs, cumulés à d'autres réglementations, mettent en jeu la rentabilité des entreprises et in fine leur survie", estime l'institution de Bretton Woods. Pour ainsi dire, les écueils se dressant sur le chemin des entrepreneurs sont nombreux et font trop souvent fuir non seulement les jeunes auto-entrepreneurs, mais aussi les plus coriaces parmi les investisseurs. D'où l'impératif, selon la Banque mondiale, de "redoubler d'efforts pour véritablement accélérer les réformes", de surcroît "indispensables pour alléger la charge qui pèse sur des petites et moyennes entreprises (PME) qui constituent les principaux moteurs de l'économie et de l'emploi". Le choc pandémique et ses conséquences sur le monde de l'entreprise est venu rappeler, selon les experts de la BM, la nécessité d'instaurer un environnement plus favorable aux entreprises en Algérie. Maria Chiquier et Lorenzo Bartolini plaident en faveur de la poursuite de la numérisation (administration en ligne) et la simplification des démarches pour les entreprises (pour l'immatriculation, l'obtention d'un permis de construire ou le transfert de propriété). "Le plus tôt sera le mieux", estiment les économistes de la Banque mondiale, tant il est vrai que "certaines de ces réformes, notamment celles qui exigent une refonte des textes de loi, peuvent mettre plusieurs années avant de produire des résultats tangibles".